Alors que la publication Rapport du GIEC révèle l’inquiétant retard pris par de nombreux pays dont la France sur leurs objectifs climatiques (+3,2% d’émission de C02 en 2017) , les Jeunes Écologistes rappellent l’urgence d’engager la transition écologique pour préserver la planète. La présence de nombreux lobbyistes au sein d’un gouvernement qui multiplie les reculs sur l’environnement inquiète.

La France creuse son retard sur ses objectifs de baisse d’émission de gaz à effet de serre.

Une enquête de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddripublié au mois d’octobre montre que la France loin de respecter ses objectifs de diminution d’émission de gaz à effet de serre, voit ses émissions repartir à la hausse et l’écart entre ces objectifs de réduction et la réalité des émissions se creuser de manière inquiétante. La France disposait pourtant d’importants outils de planification, les programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC) ainsi que de nombreuses mesures contenues dans la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015 qui auraient dû permettre d’atteindre ces objectifs. Or, la réalité est que dans tous les secteurs clés de la transition écologique – énergie, transports, bâtiments, agriculture –, la France prend un important retard sur ses objectifs climatiques. Pire encore dans certains secteurs comme les transports ou l’Agricultures, les émissions augmentent.

La présence des lobbies au sein même du gouvernement en partie responsable

Depuis le début du mandat la politique énergétique du gouvernement est marqué par le sceaux du recul sur les ambitions prises sur la transition énergétique avec des résultats désastreux : la baisse de la part du Nucléaire dans la production d’énergie prend un retard abyssal, la consommation d’énergies fossiles très polluantes ne baisse pas alors qu’il faudrait la diminuer par trois et les énergies renouvelables sont à la traîne. Mais comment aurait-il pu en être autrement lorsque le Premier ministre, Edouard Philippe est ancien lobbyiste de la grande multinationale du nucléaire Areva qui a voté contre le projet de loi pour la transition énergétique et a choisi comme directeur de cabiné, Benoît Ribadeau-Dumas, un cadre de l’industrie gazière et pétrolière?

Du côté de l’Agriculture, importante source de gaz à effet de serre (20%), l’Iddri juge sévèrement le manque d’ambition du gouvernement sur le soutien à l’agro-écologie et dénonce une trajectoire agricole « incompatible avec les objectifs climatiques de la France ». Pire encore le secteur agricole a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter en 2017 après 15 ans de baisse continue. “Il faut dire que cette situation n’est guère surprenante tant le ministre de l’Agriculture, aujourd’hui débarqué, Stéphane Travert a été le porte-parole de l’agrobuisness” souligne Nina Cormier co-secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes qui rappelle qu’à peine nommé Stéphane Tavert avait exprimé son intention de revenir sur l’interdiction de l’épandage aérien, sur l’utilisation de certains néonicotinoïdes et obtenu le report de l’interdiction du glyphosate.

Remaniement : Quand l’agrobuisness, Danone et Veolia sont chargés de la transition écologique

Secteur essentiel à la transition écologique, l’Agriculture a été confiée à Didier Guillaume, un sénateur qui s’est affiché pour son opposition systématique à l’interdiction du glyphosate, ou encore à l’introduction d’informations à caractère environnemental à destination du consommateur sur les denrées alimentaires. A peine nommé le ministre s’est illustré en affirmant dans les médias que la dangerosité des pesticides restait à prouver et que c’est aux scientifique de le refaire. Un positionnement qui pose un vrai problème politique puisque le ministre de l’Agriculture fait non seulement abstraction des centaines d’études qui soulèvent l’impact négatif des pesticides sur notre santé mais surtout il reprend mot pour mot la rhétorique des grands groupes de l’agrochimie qui mettent en doute la dangerosité de leurs produits.Les propos de Didier Guillaume trahissent une prise de position claire en faveur des fabricants de pesticides comme Bayer-Monsanto. En utilisant leurs arguments fallacieux, le ministre de l’Agriculture se fait le porte-parole de puissantes entreprises de l’agro-industrie. Ce sont encore les intérêts particuliers qui sont privilégiés au détriment de l’intérêt général, au détriment de la transition écologique qui prend un lourd retard dans le secteur agricole regrette Théo Garcia-Badin, co-secrétaire fédéral des Jeunes Écologistes qui doute de la capacité du nouveau ministre à faire face face aux pressions des lobbies pour porter initiatives historiques dans le domaine de la Transition écologique. “L’opposition caricaturale du ministre sur la question des alternatives végétariennes montre là aussi une forte proximité avec l’agrobuisness. La question n’est pas d’interdire la consommation de la viande mais de travailler collectivement au développement d’alternatives végétariennes qui permettent d’avoir un régime alimentaire moins carné donc beaucoup moins pollueur pour limiter le réchauffement climatique. Une étude parue ce mois-ci montre que cette démarche est soutenue par plus de 59% des français. La position du ministre de l’Agriculture révèle au mieux une incompétence sur le sujet, au pire une volonté de clore le débat pour ne pas risquer de mécontenter les industriels de la viande” ajoute le co-secrétaire fédéral.

Emmanuelle Wargon, nouvelle Secrétaire d’Etat à la transition écologique est l’ancienne directrice des affaires publiques chez Danone

 

Preuve de la détermination du gouvernement à relever le défi climatique, deux Secrétaires d’Etat sont chargées de la Transition écologique. La nomination d’Emmanuelle Wargon, directrice générale des affaires publiques et de la communication de Danone l’un des plus grands groupes de l’Agroalimentaire mondial étonne. La même secrétaire d’Etat qui doit mener aujourd’hui la transition écologique défendait il y’a encore quelques mois que la position de l’Europe sur les OGM était dogmatique et que l’huile de Palme “est l’un des produits essentiels pour les laits infantiles”. Une déclaration pour le moins cynique quand on sait que l’utilisation de lait en poudre comme substitut au lait maternel dans certains pays pauvres qui ne disposent pas d’eau potable provoque la mort de plus 1,5 millions  de nourrissons par an selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’UNICEF. Mais surtout une déclaration inquiétante au regard des ravages environnementaux que provoque la culture de l’huile de palme. Emmanuelle Wargon tente de rassurer, elle évitera toute situation de conflit d’intérêt et c’est dans cette logique qu’elle, ex-lobbyiste en cheffe du 4e plus gros producteurs de déchets plastique au monde, laisse la question de l’économie circulaire à sa collègue Brune Poirson.

 

Brune Poirson : Secrétaire d’Etat à la transition écologique et ancienne directrice de développement durable chez Véolia

Là encore le maintien de Brune Poirson à la transition écologique et le fait qu’elle soit en charge de l’économie laisse perplexe. Celle qui a été nommée à ce poste en 2017, était directrice du développement durable et de la responsabilité sociale de Véolia en Inde. Véolia est justement l’un des leaders de la gestion du déchet en France. La légitimité de la Secrétaire d’Etat pose question sur certains dossiers comme celui du projet de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, un grand projet inutile et très polluant. De même le bilan sur la privatisation de l’eau dans une partie l’Inde par Véolia avec des scandales financiers, de la corruption, une augmentation parfois par trois des tarifs de l’eau dans une région pauvre, interroge sur la capacité de Brune Poirson à défendre l’intérêt général aux intérêts privés de certaines grandes firmes.

Pour les Jeunes Écologistes ce remaniement est la preuve qu’ Emmanuel Macron reste sourd aux alertes de Nicolas Hulot sur la présence trop importante des lobbies au sein du gouvernement et sur le retard pris par la France sur la transition écologique. “Pour reprendre les mots de Ségolène Royal à qui l’on doit pourtant plusieurs reculs sur le nucléaire et sur l’écotaxe : « pas une semaine ne se passe sans qu’il y’ai un recul sur l’écologie ». Avec cette nouvelle équipe gouvernementale on risque d’avoir même un recul par jour” s’inquiète Théo Garcia-Badin.

 

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