En reprenant la Chambre des représentants perdue en 2010, les démocrates ont infligé un premier revers à Trump. Si cette victoire est moins importante que prévue, la campagne a eu le mérite d’avoir lancé la construction d’une alternative crédible et combative à Trump avec une nouvelle génération de démocrates plus sensibles aux questions sociales et environnementales.
La stratégie démocrate d’avoir misé aux primaires sur des candidat-e-s davantage marqué-e-s à gauche et critiquant ouvertement l’adhésion du parti au capitalisme financier libéral facteur d’inégalités semble avoir payé. Sans surprise Alexandria Ocasio-Cortez a remporté une écrasante victoire à New-York (78%) devenant à 29 ans la plus jeune « Congresswoman » de l’histoire. Même succès à Boston pour Ayanna Pressley, figure de proue du mouvement de libération de la parole sur le harcèlement sexuel. Comme elles, de nombreux démocrates ont porté une position forte sur la justice sociale en proposant notamment la gratuité des universités publiques, un système de santé universel ou encore la fin du système d’«incarcération de masse» américain. « C’est un véritable tournant pour le Parti Démocrate et pour les Etats-Unis, pour la première fois depuis longtemps des candidat-e-s critiquant ouverterment le système américain inégalitaire et proposant une alternative au captitalisme libéral ont remporté des victoires. C’est encourageant pour la suite » se rejouit Nina Cormier, la co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes.
Dans un contexte de durcissement du discours à l’encontre des musulman-e-s et des migrant-e-s, deux femmes musulmanes, Rashida Tlaib et Ilhan Omar, réfugiée d’origine somalienne, entrent pour la première fois de l’histoire au Congrès américain. » Ces victoires fortes en symbole ne doivent pas faire oublier que le discours de haine anti-migrant-e-s de Trump a été un puissant mobilisateur de l’électorat républicain » nuance Nina Cormier « Dans ce contexte de multiplication de la violence raciale, une victoire de Stacey Abrams en Géorgie et d’Andrew Gillum en Floride aurait été forte. Ca restera l’une des grandes déception de cette élection » regrette Théo Garcia-Badin, le co-secrétaire fédéral des Jeunes Ecologistes, qui espérait voir élu-es les premier-e-s gouverneur-e-s afroaméricain-e-s de l’histoire.
Fait notable, de nombreux candidat-e-s ont remporté mardi des victoires en assumant de faire de la lutte contre le réchauffement climatique et de la protection de l’environnement les axes forts de leur campagne. Deb Haaland première femme « native americaine » à entrer à la Chambre des représentants a orienté sa campagne sur la défense des droits des communautés autochtones américaines et son opposition farouche à l’exploitation des hydrocarbures sur les terres indiennes. A la croisée des luttes contre les inégalités sociales et environnementales, la nouvelle députée a fait de la prévention sur le changement climatique l’un des axes structurants de sa campagne. Sa victoire est accompagné de celle d’une autre amérindienne Sharice Davids, figure de la défense des droits de la communauté LGBTI+ sur les terres conservatrices du Kansas.
« Les midterms sont riches en enseignement. C’est en misant sur des candidats moins consensuels, plus jeunes et avec une plus grandes diversités, assumant de remettre en cause le système américain et portant un discours sur la réduction des inégalités et la lutte contre le réchauffement climatique que la gauche démocrate a réussi à convaincre et devenir une alternative à Trump et à l’extrême droite américaine » conclut Théo Garcia-Badin.