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L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, s’il voit le jour, va coûter extrêmement cher à la France. Officiellement, le syndicat mixte du projet chiffre son coût à 556 millions d’euros, dont 241 millions à la charge de l’État et des collectivités locales. Cette dépense semble déjà très lourde, mais il est certain que la facture sera encore bien plus salée que prévu. En effet, l’estimation ne tient absolument pas compte des dépassements de coûts, de l’ordre de 30% à 40% en moyenne pour ce genre de chantier*, ainsi que des dépenses annexes pourtant intégrées au projet : ligne tram-train de liaison avec Nantes, ligne à grande vitesse entre Rennes et Nantes avec desserte de Notre-Dame-des-Landes, aménagement des zones industrielles et commerciales attenantes, entretien des routes d’accès, etc.

Outre cette sous-évaluation des dépenses, les gains d’exploitation une fois l’aéroport construit et l’augmentation du trafic de passagers ont été très largement sur-estimés. La hausse inexorable du coût des énergies fossiles n’a pas été anticipée par les promoteurs. Or, nous savons que la cherté croissante du kérosène, répercutée sur le prix des billets d’avion, réduira fortement l’accessibilité de ce mode de transport. En ne prenant pas en compte cette variable majeure, le scénario retenu par le syndicat mixte du projet surévalue grandement la rentabilité et l’utilité du projet.

Dans cette histoire, Vinci rafle la mise et les citoyen-ne-s payent. Le concessionnaire pourra ainsi empocher tranquillement les bénéfices de l’exploitation du site pendant que les contribuables devront éponger les dépassements de budget, le prix toujours plus élevé du pétrole et toutes les infrastructures secondaires autour de l’aéroport. En ces temps de disette publique, il y a des besoins bien plus urgents que celui de financer la nouvelle machine à euros de la multinationale Vinci.

Enfin, de la dette économique à la dette écologique, il n’y a qu’un pas. Cet aéroport va aussi coûter très cher à la France parce qu’il va détruire une zone de bocages précieuse pour son agriculture de proximité, ses arbres, ses champs, ses talus, sa biodiversité dont la perte serait irremplaçable. Ainsi, l’urbanisation galopante des terres agricoles, particulièrement forte en Loire-Atlantique, est un problème déjà assez grave pour que ces 1650 hectares échappent à la bétonisation.

Partant de ce constat, nous demandons l’abrogation de la déclaration d’utilité publique du projet. Le scénario présenté par ses défenseurs est volontairement optimiste et ne tient pas compte de la réalité des faits : cet aéroport va coûter plus cher à la société qu’il ne lui apportera de bénéfices. En comparaison, l’optimisation de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique semble être une solution bien plus réaliste, économe et logique.

Regardons la réalité en face : sous tous ses aspects, le projet de Notre-Dame-des-Landes est une folie. N’attendons pas de constater les dégâts avant de nous en apercevoir.

*Source : étude du cabinet hollandais indépendant CE Delft.

Les Jeunes Écologistes

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