Partir à la conquête de l’Angleterre quand on voit vert, c’est avant tout un beau défi. Au pays de la dérégulation à tout va, l’écologie politique n’en est qu’au début de son ascension. Dès lors, il est assez difficile de se faire entendre dans un Parlement où il n’y a qu’une seule députée verte. Si seule la ville de Brighton est actuellement dirigée par un conseil municipal vert, d’autres villes du sud et de l’est du pays ont toutefois obtenu aux dernières élections locales des résultats encourageants.
Mais avec une coalition qui a approuvé un plan de rigueur des plus féroces en 2010, les Britanniques récoltent à présent les fruits de l’austérité.
L’appétit des Tories pour les désormais bien connues « cuts » ne cesse de faire des siennes puisqu’il s’agit désormais de réduire les coûts du NHS, service de santé public et figure phare de l’Etat Providence à l’anglaise.
Parallèlement, à l’échelle locale, de nombreuses structures disparaissent purement et simplement, à l’image des agences régionales de développement. Effectuant un travail de maillage important pour promouvoir le développement économique localement, ces structures ont été jugées peu rentables au regard des sommes investies. Par ailleurs, une partie de leurs compétences concernant le soutien à l’emploi et à la compétitivité devraient être transférées aux conseils municipaux, dans un pays où l’échelon régional n’existe plus depuis son abolition l’an dernier et où les budgets alloués aux conseils municipaux ont baissé de presque 30% en un an.
Le Guardian publie régulièrement les conséquences que cette cure d’austérité provoque chez les populations les plus fragiles dans le Nord de l’Angleterre. Mais également chez les étudiants qui ne peuvent et ne veulent pas s’acquitter des 9 000£ de frais d’inscription annuels qui sont désormais devenus la règle dans les universités britanniques.
Face à l’ampleur de la politique de rigueur, quelles réponses peuvent apporter les Verts en Angleterre ?
Après avoir rencontré le Vice-président du Green Party, Adrian Ramsey, ainsi que des conseillers municipaux, force est de constater que si leurs réponses à la crise, tout à fait fidèles aux positions européennes d’Europe-Ecologie, ont de la force de conviction, les Britanniques ont toujours du mal à déposer un bulletin dans les urnes.
Les Britanniques seraient-ils dès lors, hostiles à l’écologie politique? Mon regard naïf voit pourtant beaucoup d’éoliennes off-shore au large de Liverpool, la dépollution des rivières dans le Nord de l’Angleterre a été placée en objectif prioritaire des politiques locales ces dernières décennies, et les vélos sont pléthores dans des villes comme York. Comment expliquer alors que les Verts soient toujours marginalisés sur l’échiquier politique?
Le système électoral est un premier élément de réponse, mais les Britanniques semblent, à l’image des Français, être dans une représentation encore très bipartite de la sphère politique, laissant le choix entre le Labour et les Conservateurs. L’émergence des Libéraux-Démocrates ces dernières années pourrait être une porte d’ouverture pour d’autres partis.
Au regard des dissensions importantes au sein de la coalition gouvernementale conservateurs/libéraux-démocrates et de la grande déception suscitée par le parti de Nick Clegg, une chance semble être à saisir chez les Greens. En effet, les électeurs déçus par les Libéraux-Démocrates pourraient être enclin à se tourner vers l’alternative la plus crédible, les Verts, dès les élections municipales de mai prochain si ces derniers arrivent à trouver un écho dans les médias et auprès de la population lors de la campagne débutant en janvier 2012.
Sauront-ils la saisir cette chance?
Bénédicte Laumond, Jeune Écolo en Angleterre