Lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni pour examiner la situation au Burundi. Intimidations, répressions, meurtres et pogroms, sont le quotidien des Burundais depuis la ré-élection anticonstitutionnelle du président Pierre Nkuruzinza.
200 morts et au moins 200 000 réfugié-e-s, c’est le triste bilan des manifestations et répressions qui ont eu lieu au court des 6 derniers mois autour de l’élection de Nkurunziza à la présidence du Burundi en juillet dernier. Pierre Nkurunziza a candidaté en avril 2015 pour un troisième mandat ce qui, selon l’opposition, est contraire à la Constitution. Les jeunes du pays et de nombreuses associations ont manifesté leur mécontentement mais la seule réponse a été celle de la violence.
Afin d’asseoir son pouvoir autoritaire, Pierre Nkurunziza n’hésite pas à diviser le peuple en agitant la marionnette du problème ethnique. Les jeunes Hutus et Tutsis, uni-e-s lors des manifestations pour demander plus de démocratie, sont désormais dressé-e-s les uns contre les autres par un pouvoir égoïste et prêt à toutes les horreurs pour se maintenir. Ce déplacement des enjeux démocratiques vers une division ethnique de la société est allègrement servi par la propagande gouvernementale. « Le gouvernement joue la carte ethnique pour asseoir son autorité et justfier ses actes de violences« , nous explique Benjamin Abtan, président de l’EGAM (European Grassroots Antiracist Movement). Depuis que le pays traverse une crise politique transformée en affrontements ethniques, la guerre civile n’est pas loin. Selon Charles Nditije, le président du parti d’opposition Uprona (Union pour le progrès national), « La police et la milice gouvernementale exterminent systématiquement les membres de l’opposition« .
Plus inquiétant encore, depuis octobre, des propos insupportables circulent dans le camp du président. Le président du Sénat Révérien Ndikuriyo a menacé de « pulvériser les quartiers » contestataires de Bujumbura, utilisant au passage le terme « travailler », qui renvoie au génocide de 1994 dans le Rwanda voisin. Génocide qui rappelons-le, a fait plus de 800 000 morts en trois mois, et où les miliciens hutus partis massacrer des Tutsis étaient encouragés à bien « travailler ». Le ministre de la sécurité publique, Alain-Guillaume Bunyoni, a rappelé cette semaine aux habitants des quartiers contestataires, principalement tutsis, qu’ils étaient minoritaires face à la masse paysanne hutu favorable au président Nkurunziza.
« Si les forces de l’ordre échouaient, on a 9 millions de citoyens à qui il suffit de dire : “faites quelque chose” », a-t-il lancé. Des propos qui font écho à des actes encore plus alarmants.
L’assassinat du fils de Pierre-Claver Mbonimpa, le célèbre militant des droits humains, les neuf personnes abattues dans la nuit de samedi dans un quartier favorable à l’opposition au président, la destruction des sources indépendants et fiables d’information, l’ultimatum de Nkurunziza pour que ses opposants déposent les armes, la constitution de milices armées au service du pouvoir en place et formées par d’anciens génocidaires rwandais, toutes ces informations sont autant de terribles nouvelles qui planent sur l’avenir du Burundi. La situation ne fait qu’empirer et les observateurs internationaux craignent le drame. Faut-il rappeler qu’avant le génocide du Rwanda en 1994, des alertes avaient été lancées, dès 1990, avertissant d’une possible aggravation? Ne reproduisons pas les erreurs du passé.
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