Exposé des motifs 

L’écologie politique est-elle forcément de gauche ? Si la réponse pouvait a priori nous sembler naturellement positive, l’évolution du corpus idéologique d’extrême-droite et l’enrichissement des connaissances scientifiques en la matière nous impose un constat : le risque écofasciste existe, l’écologie politique ne s’ancre pas forcément à gauche. Réfuter ce constat confine à une “forme paresseuse d’arrogance”1. Sans légitimer ces appropriations, nous devons admettre leur existence, savoir les reconnaître pour, in fine, mieux les combattre. 

Dans un contexte politique où Hugo Clément estime normal d’aller débattre avec des fascistes sous la bonne hospice de Valeurs Actuelles, participant ainsi à une faire de l’écologie un enjeu dépolitisé, et où Christophe Béchu estime que le dérèglement climatique est un phénomène naturel avant d’être un problème politique2, notre posture ne doit laisser la place à aucun équivoque.

Deux mouvements sont à l’œuvre selon Antoine Dubiau, auteur d’Écofascismes. D’une part, une écologisation du fascisme ; l’appropriation de l’impératif écologique par différents auteurs d’extrême-droite comme Alain de Benoist émanant du courant de la Nouvelle droite3, a fait naître un corpus idéologique nouveau, développant une pensée écofasciste aboutie et viscéralement dangereuse. Retour à la terre, enracinement, théories néo-malthusiennes, … autant d’idées nauséabondes, racistes et dangereuses que nous, Jeunes écologistes, devons combattre plus que toutes autres. Si cette pensée écofasciste inspire encore relativement peu l’extrême-droite dite « électoraliste », nous devons nous tenir prêt·es à une intégration plus claire de l’enjeu écologiste dans leur discours. 

D’autre part, une fascisation de l’écologie ; ce phénomène consiste en un processus, un « ensemble de pentes glissantes vers une conception fasciste de l’écologie dans les approches écologistes courantes » (Ibid, p. 17). La fascisation de l’écologie est d’autant plus dangereuse qu’elle peut émaner de notre camp, appelant par voie de conséquence une vigilance particulière de notre part.

Face à ces deux mouvements distincts mais intrinsèquement liés, nous, Jeunes écologistes, pouvons lutter contre les écofascismes. D’une part, au sein de notre organisation et plus largement du mouvement écologiste progressiste, agir comme des vigies contre les écofascismes, en identifiant certains signaux faibles à forts (recours aux théories néo-malthusiennes, discours effondristes et collapsologiques, certains courants techno-critiques, …) et en luttant contre ces dérives. D’autre part, vis-à-vis des organisations et intellectuels d’extrême-droite, lutter activement contre ces discours en refusant toute forme de convergence malgré le dénominateur commun de l’écologie et de la préservation de l’environnement. Un choix s’offre à nous : le déni, visant à occulter la possibilité même d’une écologie de droite ou d’extrême-droite ou la clarification de nos discours. Nous, Jeunes écologistes, devons faire le choix de la clarification dans nos différentes prises de position, afin d’éviter toute compromission avec ces thèses écofascistes.

Nous souhaitons également alerter l’ensemble des écologistes de gauche rassemblés au sein d’EELV-Les écologistes et des Jeunes Écologistes sur ce risque. En ce sens, nous saluons la création de la commission « lutte contre l’extrême-droite” au sein d’EELV-Les écologistes. 

Dispositif 

Les Jeunes Écologistes reconnaissent les dangers que posent la montée des écofascismes, qui peuvent présenter un discours concurrent aux valeurs de notre écologie politique. En ce sens :

  • Les Jeunes Écologistes s’engagent à ne jamais donner crédit à l’extrême-droite, que ce soit, en mobilisant sur des combats environnementalistes communs ou en mobilisant les sphères médiatiques fascistes et/ou fascisantes ou en respectant les conditions fixées dans la motion “Lutte contre l’extrême-droite et campagne des européennes” votée au Parlement des Jeunes Écologistes du 21 janvier 2024
  • Il est nécessaire de respecter le cordon sanitaire même lorsqu’il s’agit d’écologie.
  • Les Jeunes Écologistes interpellent Europe Écologie – Les Verts – Les Écologistes sur les dangers des écofascismes, et sur la nécessité de combattre et la fascisation de l’écologie et l’écologisation du fascisme. 
  • Les Jeunes Écologistes se forment pour se positionner comme des vigies contre la fascisation de l’écologie politique 

1 :  Dubiau Antoine, Écofascismes, Caen, Editions Grevis, 2022, p. 7

2 :  Reporterre, Oui M. Béchu, le réchauffement climatique est « politique », 12 avril 2023, disponible ici.

3 :  François Stéphane, « La Nouvelle Droite et l’écologie : une écologie néopaïenne ? », Parlement[s], Revue d’histoire politique, vol. 12, no 2.

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