Motion adoptée par la Coordination fédérale des Jeunes Écologistes en mars 2019

1/ POUR UN FÉMINISME RADICAL ET TOTAL, AVEC LA LUTTE CONTRE LE PATRIARCAT COMME OBJECTIF

Les Jeunes écologistes s’affirme comme un mouvement résolument antipatriarcal. Nous nous distinguons et nous nous opposons aux visions libérales ou essentialistes qui se disent féministes. Le mal est profond, la réponse doit l’être tout autant.

Le patriarcat est un système d’oppression systémique qui distingue les êtres humains en deux classes sociales de sexe [1]. Il leur accorde une valence différentielle [2] et classe l’un des deux groupes – la classe sociale des hommes (ci-après appelée « les hommes ») – en position de domination sur l’autre groupe – la classe sociale des femmes+ [3] et des minorités de genre (ci-après appelée « les femmes+ ») – en position de subordination. Il crée un continuum de violences sexistes, des plus anodines aux plus destructrices.

Ce système d’oppression et de domination masculine confère des privilèges de pouvoir aux hommes cisgenre en termes économique, sexuel, et symbolique, au détriment des femmes+. Le patriarcat entretient une domination sur les populations les plus vulnérables (femme+, enfants et autres catégories non dominantes) comme sur les biens et les ressources [4].

Nous refusons le discours sur le sexisme en tant que simple « inégalité » ou « discrimination » car nous estimons que ces termes occultent la dimension systémique du patriarcat, qui vise à maintenir le pouvoir du côté des catégories dominantes, dont les hommes cisgenres sont une grande partie, de façon consciente et préméditée. Le sexisme n’est ni un dysfonctionnement, ni un fait individuel, ni un fait accidentel.

Par conséquent, nous dénonçons le fait que le féminisme libéral et politiquement correct ne s’intéresse qu’à l’inégalité salariale et la parité dans les conseils d’administration, avec hypocrisie sans faire changer la société en profondeur. Nous refusons également l’instrumentalisation politique du féminisme à des fins racistes. C’est prétendre que le harcèlement de rue et les viols seraient le fait d’hommes noirs et arabes plus que les autres ; réprimer et exclure les femmes+ voilées ; renvoyer à la situation des femmes+ dans le Golfe arabique pour justifier de ne pas lutter contre le sexisme en France ; ou encore mal camoufler la xénophobie et l’islamophobie sous le prétexte d’un continent européen dont les femmes+ et les acquis féministes seraient menacées par l’immigration, omettant ainsi que les quelques avancées en la matière sont dues aux combats sans relâche et sans concession des féministes contre le reste de la société et non à une culture occidentale.

Les Jeunes Écologistes entendent lutter avec une vision matérialiste, radicale, intersectionnelle [5] contre toutes les dominations, exploitations et oppressions, en premier lieu patriarcales, racistes, capitalistes et néocoloniales, qui sont imbriquées. Le patriarcat exploite le travail reproductif, sexuel, domestique, salarié, etc. des femmes+, à l’échelle mondiale comme dans chaque foyer.

2/ LES PRIVILÈGES DU PATRIARCAT : LA DOMINATION MASCULINE SYSTÉMIQUE PERMET L’EXPLOITATION DU TRAVAIL PRODUCTIF, REPRODUCTIF, SEXUEL ET ÉMOTIONNEL DES FEMMES

Le rôle social assigné aux femmes+ est la docilité afin de produire un travail multiple bénéficiant aux hommes. Le premier d’entre eux est le travail reproductif de la grossesse, de l’accouchement, du soin des enfants et du foyer. Les droits du père sont, même aujourd’hui, supérieurs à ceux de la mère et des enfants. Dans le cas de séparation pour des violences conjugales, il est très fréquent que les juges privilégient le droit du parent à voir l’enfant et non pas celui de l’enfant à être protégé [6] ce qui peut entraîner le retrait de la garde d’enfants pour certaines mères ne voulant pas les envoyer chez leur père violent.

Le système de domination des femmes+ est visible également dans le rôle social déconsidérée qui leur est attribué dans la société. Celui-ci les confine à la passivité, aux espaces clos et intérieurs [7], ce qui là encore, réduit leur pouvoir d’agir. Les femmes+ sont censées avoir une prédisposition innée pour les tâches ménagères et un supposé « instinct maternel » ce qui permet de les renvoyer à leurs foyers, où elles réalisent le travail domestique, qui peut être considéré comme leur deuxième journée de travail. Ce travail n’est pas reconnu, il est dévalorisé, pourtant, sans lui, la société ne fonctionnerait pas. Cette contribution est invisibilisée et permet au système capitaliste de prospérer. Toujours dans la sphère domestique, le travail émotionnel et la charge mentale [8] des femmes+ permettent d’organiser le foyer et désignent les femmes+ comme responsables de superviser tous les différents travaux. Ceci est générateur de stress et maintient les femmes+ dans une position de responsable du travail domestique. Ce travail émotionnel prend aussi source dans la sphère du travail et la sphère publique où les femmes+ se doivent de sourire, être aimables, organiser une bonne ambiance sur le lieu de travail. Les hommes bénéficient partout du soutien émotionnel et du travail de soin gratuit de la part de leurs mères, sœurs, filles, amies, amantes et conjointes, au détriment de leurs propres énergie, espace privé, ambition, carrière professionnelle et santé mentale. Elles sont garantes de leur bien-être, ce dont le système capitaliste profite aussi car cette énergie reste invisible et donc non rémunérée.

Les privilèges de pouvoir des hommes se traduisent en spoliation économique particulièrement pour les femmes+ qui sont davantage précarisées. Les femmes+ occupent en masse des professions peu valorisées telles que l’aide à la personne, le social, l’administration [9]. « Là où les femmes arrivent, le pouvoir s’en va » fait référence au fait qu’à mesure qu’une profession se féminise, elle est dévalorisée (ex: professorat). Dans le monde, les femmes représentent 70% des pauvres et cette situation est accentuée par le fait qu’elles ne détiennent que 1% de la propriété dans le monde [10]. Ainsi pour paraphraser la remarque « il y a encore plus inconnu que le soldat inconnu : c’est sa femme » [11] on pourrait dire : « il y a encore plus pauvre que le plus pauvre des travailleurs : c’est sa femme ».

Ces politiques capitalistes se traduisent également par l’exploitation des femmes+ des pays du Sud. Les femmes+ racisées sont très présentes dans les domaines du soin et du nettoyage et le recours à l’immigration permet d’assurer la bonne marche de ce système économique. Le féminisme civilisationnel [12] s’appuie sur ces dominations pour viser l’égalité des femmes+ blanches uniquement. De plus, « les droits des femmes » peuvent être instrumentalisés de manière capitaliste pour s’ingérer politiquement et économiquement dans les pays du Sud afin de perpétuer l’exploitation coloniale.

La pression à l’hétérosexualité, au couple et au mariage sont autant d’injonctions à la disponibilité sexuelle des femmes+. La reconnaissance juridique et sociale du viol conjugal est récente, que 80% des femmes+ violées le sont par un proche, et dans un tiers des cas il s’agit de leur conjoint [13]. De plus, une femme aura pleinement sa place dans la société et sera valorisée si, conformément aux attentes des princesses des contes pour enfants, elle est en couple avec un homme et dévouée à lui.

On retrouve ce « droit à l’accès sexuel aux femmes » dans diverses sphères, du « droit de cuissage » jusqu’aux « incels » [14], ces jeunes hommes célibataires qui se prétendent injustement rejetés par les femmes+ alors qu’ils considèrent avoir un droit fondamental à utiliser sexuellement les femmes+. Il en est de même du mythe répandu de frustration sexuelle des hommes comme justification à l’accès à tout prix au corps féminin.

Les femmes+ qui transgressent cette injonction à la féminité et à l’hétérosexualité – notamment les lesbiennes et historiquement les femmes+ seules et les guérisseuses, souvent qualifiées de sorcières – sont décriées, intimidées et violentées et utilisées comme repoussoir [15]. Ainsi, « les lesbiennes ne sont pas des femmes » [16], car elles refusent l’hétéropatriarcat, ce qui est une transgression car la définition même du rôle social de femme dans ce système est de s’y soumettre.

Les privilèges masculins sont aussi symboliques, en effet le masculin est associé au positif dans de nombreux domaines. Il existe une prétention des hommes blancs hétérosexuels à représenter l’universel. Ont été effacées de la mémoire collective les réalités de vies et les luttes des femmes+. Des hommes se sont appropriés le travail intellectuel, créatif et scientifique de nombreuses femmes+ (Rosalind Franklin, Marthe Gautier, Zaynab Fawwâz, Paulette Nardal,…).

3/ POUR FAIRE PERDURER LA DOMINATION, LA CONTRAINTE PHYSIQUE, MENTALE ET ÉMOTIONNELLE DES FEMMES

On peut parler de véritable terrorisme patriarcal : utiliser les violences sexuelles pour garder les femmes+ à leur place de dominées. Les femmes+ violées le sont à 98 % par un homme. Le viol est d’ailleurs une arme de guerre pour soumettre les populations.

Des féminicides ont lieu partout dans le monde. Un féminicide est un meurtre d’une ou plusieurs femmes+ en raison de leur condition féminine. Entre le 1er janvier et le 1er mars 2019, 28 femmes+ ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit une femme+ tous les deux jours – sans compter les tentatives de meurtres et autres violences conjugales. Le viol, les menaces de viol, les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel sont partie intégrante du quotidien des femmes+. La haine des femmes+ peut aller jusqu’à la tuerie de l’école polytechnique de Montréal en 1989 où 14 femmes+ sont assassinées par un masculiniste [17].

Pour assurer sa domination, le patriarcat exerce un contrôle et une coercition sur le corps des femmes+ en leur enjoignant un idéal de beauté [18]. Cet idéal de beauté passe par le culte du corps parfait qui est souvent associé (du moins dans nos sociétés occidentales) à un corps jeune, blanc, mince, sans poils. Se plier à cet idéal peut causer de nombreux troubles alimentaires. Les corps de base de chaque femme+ étant différent des autres et différent de ces normes, cela peut amener à un dégoût de soi, ouvrant à la nécessité de se réapproprier son corps. Cette oppression se caractérise de manière spécifique sur les femmes+ racisées, dont la couleur de peau ou la coiffure ne sera pas conforme aux critères de beauté. La féminité est également un idéal de faiblesse, où la mobilité est entravée par des vêtements et des comportements, où la force musculaire est dépréciée, et où le corps doit prendre peu de place et peu se mouvoir.

Toutes ces injonctions sont présentes tout au long et dans toutes les sphères de la vie des femmes+ mais rien ne les illustre mieux que la publicité, révélateur de notre inconscient collectif et des pires stéréotypes, dans lequel le corps féminin est presque toujours objectifié, morcelé et sexualisé.

Par ailleurs, une fois qu’il présente toutes ces caractéristiques, le corps féminin doit faire preuve de soumission ce que nos sociétés patriarcales ont réussi à imposer avec des injonctions à la féminité, à des valeurs dites « féminines » qui seraient appréciées chez les femmes+. Ainsi on attend d’une femme+ qu’elle soit discrète, effacée, qu’elle sourit, qu’elle ne parle ou ne rit pas trop fort, qu’elle soit douce, calme. Tout ceci participe à écarter les femmes+ des sphères décisionnelles dans lesquelles au contraire les valeurs promues sont l’ambition, la communication, le charisme ou encore l’autorité.

La répression de la sexualité féminine a une longue histoire. Au niveau sexuel, la femme est considérée comme passive, comme un réceptacle de l’homme. La vulve et le vagin sont regardés avec dégoût, sont considérés comme quelque chose de répugnant, malodorant et impur. S’il y a eu des variations dans le temps, comme la place de l’orgasme féminin au Moyen-Âge [19], nous subissons toujours la rigorisation des mœurs qui a eu lieu au 19e siècle. De plus, de nombreuses femmes+ ont été et sont encore stigmatisées pendant leurs règles [20], avec des justifications culturelles ou religieuses. La sexualité des femmes+ a longtemps été perçue comme devant répondre au plaisir des hommes. Cela se traduit également par une inégalité face à la jouissance, le rapport sexuel devant très souvent se clôturer par un orgasme uniquement masculin et le sexe s’illustrant majoritairement par la pénétration « pénis-vagin ». En raison du mépris médical et du poids de l’enseignement religieux, c’est seulement en 2017 que le dessin du clitoris figure dans un manuel scolaire en France. La médecine a joué un rôle dans ce processus en invisibilisant les spécificités du corps féminin lorsqu’elles ne sont pas considérées comme utiles à la reproduction. Ainsi les médicaments sont souvent testés sur un échantillon peu représentatif, ce qui peut entraîner des effets indésirables non prévus pour les femmes+. Le respect du consentement des femmes+dans un contexte médical est loin d’être suffisant. Les femmes+ ont aussi été dénigrées en s’appuyant sur leur corps sexué avec les notions d’hystérie, dont le mot vient de l’utérus. Au contraire, le phallus est glorifié et correspond à une domination symbolique, psychologique et mentale. Une part de la psychanalyse s’est appuyée sur ce concept pour développer des théories misogynes, selon lesquelles, entre autres, les femmes+ auraient un traumatisme dû au fait de ne pas avoir de pénis.

La précarité économique renforcée des femmes+ est un moyen de les maintenir dans la passivité et dans la dépendance à un couple hétérosexuel. Or dans la majorité des cas (85%) ces familles monoparentales sont constituées de femmes+ seules [21]. Les femmes+ sont plus souvent à temps partiel dans leur travail mais ce temps partiel n’est pas choisi, il est dû aux professions de ces femmes+ et au fait qu’elles sont davantage sollicitées pour les enfants. À titre d’exemple, les métiers du « care » où elles sont surreprésentées, sont mal payés et n’apportent pas de reconnaissance sociale. De plus, 34,6% des familles monoparentales sont sous le seuil de pauvreté [21]. Enfin, en période de crise, les femmes+ servent de variables d’ajustement au capitalisme car elles seront payées moins chers que les hommes et l’on voit apparaître des discours pour les renvoyer au foyer afin de laisser la place à des hommes au chômage, qui seraient plus légitimes.

La valorisation politique de la virilité qui génère un culte de la performance pour les hommes et exclut ceux qui ne présentent pas toute la panoplie du dominant. Le modèle de l’homme fort (ne pas montrer d’émotions, être ambitieux, écraser les autres, entraver les règles) est appris aux garçons dès leur plus jeune âge et ils doivent s’y conformer [22]. L’hypothétique fin du patriarcat signifierait donc la perte des privilèges masculins mais aussi la fin de cette masculinité qui est par définition toxique et violente envers les autres mais aussi eux-mêmes. Néanmoins, les hommes ne correspondant pas au modèle de lavirilité n’en perdent pas pour autant les privilèges de dominants. La répression des hommes homosexuels et des hommes ne se conformant pas aux normes masculines découle directement de la misogynie. De plus, en ne valorisant qu’une seule catégorie, ce système fait subir des violences, discriminations et mutilations à d’autres personnes ne rentrant pas dans le moule dominant du patriarcat, et parmi elles les personnes trans et intersexes. La finalité est bien de séparer rigoureusement l’humanité en deux classes afin de perpétuer la dominationmasculine.

4/ LE SOUTIEN À LA LUTTE FÉMINISTE DANS LA SOCIÉTÉ EST TOUJOURS AUTANT D’ACTUALITÉ AUJOURD’HUI

L’égalité des droits sur le papier est loin d’avoir modifié le système. Ces dernières années, nous assistons à une nouvelle dynamique féministe. Avec Me Too et le procès Baupin, ce n’est pas tant la libération de la parole des femmes+ – qui ont toujours parlé – que la fin forcée de la surdité de la société, ouvrant la voie pour que de plus en plus la peur change de camp et que l’impunité des agresseurs cesse. Pourtant, les velléités antiféministes et masculinistes sont vives, notamment autour du discours sur la crise de la masculinité visant à revenir sur les avancées féministes, ce qui s’est traduit par un déchaînement de violences sexistes. Cette rhétorique n’est fondée sur aucun fait, nous devons la combattre. Les violences et les injustices sont aujourd’hui encore monnaie courante, et d’autant plus avec une analyse mondiale, antiraciste et de classe sociale.

a) Reprendre la parole et l’espace pour en finir avec l’invisibilisation des femmes

À l’école, entre ami·e·s, dans les familles, les organisations, le monde militant et politique et les médias, la parole des femmes+ est moins présente, moins écoutée, et moins considérée [23]. Dans les groupes mixtes, elles se font plus souvent interrompre pour laisser la parole aux hommes.

Pour créer une situation plus égalitaire, nous estimons qu’il est nécessaire de créer les conditions dans la société pour vaincre ces réflexes patriarcaux, pour permettre réellement aux femmes+ de prendre la parole et surtout de développer l’écoute et l’empathie des hommes à leur égard.

Ceci passe par l’organisation de temps non-mixtes qui permettent à chacune de pouvoir s’exprimer sans que la parole masculine devienne hégémonique, de se rassembler et de s’auto-organiser entre femmes+. Il est important que les femmes+ se réapproprient l’espace public et s’imposent dans les sphères de pouvoir et dedécision dont elles sont globalement exclues.

Elles souffrent aussi d’un déficit de représentation symbolique. Ainsi, dans l’ensemble des livres scolaires, les femmes+ représentent 10% des personnages représentés [24]. Il faut redonner aux femmes+ leur juste place dans l’espace public, la mémoire collective, les productions culturelles et les médias.

b) Développer et soutenir la sororité et l’auto-organisation de la lutte

Les avancées féministes adviendront par la prise de conscience des femmes+ et la construction d’un rapport de force dans la société. Même si les hommes qui se veulent alliés ont le devoir de mettre en place un système de déconstruction de leurs privilèges, c’est principalement aux femmes+ d’agir pour elles- mêmes et de lutter pour casser les codes que le patriarcat impose.

Nous soutenons les féministes qui privilégient l’auto-organisation, c’est-à-dire la lutte par et pour les personnes dominées par le patriarcat, refusant la soumission que la société attend. Nous promouvons le rassemblement des luttes, qui est entre autres porté depuis des années par les femmes+ racisées, pour contrer toutes les dominations, oppressions et exploitations et pour une libération de tou·te·s. Nous encourageons le sabotage du patriarcat au quotidien et la grève générale des femmes+ : arrêter le travail émotionnel, la charge mentale, tout le travail domestique et sexuel. Nous croyons qu’il faut revaloriser les valeurs d’empathie, d’entraide et de coopération, tout en défendant qu’elles ne sont pas par nature « féminines ».

Nous voulons que les hommes soient de véritables alliés pro-féministes, et des soutiens indéfectibles. Nous attendons d’eux qu’ils fassent un travail pour déconstruire les comportements de domination masculine, qu’ils affrontent sans concession l’étendue des privilèges dont ils bénéficient dans une société patriarcale, et qu’ils cherchent activement à les perdre au nom de l’égalité.

5/ ENGAGEMENTS DES JEUNES ÉCOLOGISTES ET INTERPELLATIONS DES POUVOIRS PUBLICS

Nous, en tant que mouvement des Jeunes Écologistes, nous nous engageons à :

  • Apporter notre soutien aux femmes+ qui subissent toutes de plein fouet le patriarcat et aux groupes féministes à travers le monde.
  • Apporter notre soutien au combat des femmes+ précaires et/ou des femmes racisées (par exemple aux mouvements de grévistes de l’ONET, de l’hôtel Hyatt).
  • Décrypter et dénoncer les discours et actions sexistes et masculinistes, quels qu’elles soient.
  • Nous interroger sur nos pratiques et à encourager les autres mouvements militants avec lesquels nous collaborons à faire de même
  • Faire une priorité d’être un espace où chacun·e peut se sentir en sécurité et à l’abri des agressions sexuelles et du harcèlement.
  • Croire les victimes et ne pas protéger les agresseurs.
  • Redoubler collectivement de vigilance par rapport aux comportements de domination, avec une vigilance intersectionnelle redoublée.
  • Systématiser les réunions politiques en non-mixité à chacun de nos événements internes.
  • Rédiger nos documents internes et externes en écriture inclusive ou de façon épicène.
  • En tant que femmes+ JE, refuser de faire le travail émotionnel au profit des hommes dans le cadre militant.
  • En tant qu’hommes JE, nous engager à ne pas abuser de l’écoute et de l’empathie des femmes+, à ne pas monopoliser la parole et le savoir militant et à remettre en cause en profondeur nos réflexes inconscients.

Bien que le système patriarcal soit bien trop ancré pour que les politiques publiques puissent le détruire, nous estimons néanmoins qu’il est politiquement juste et nécessaire de prendre toutes les mesures possibles afin de l’attaquer. En conséquence, nous réclamons aux pouvoirs politiques exécutif et législatif français de :

  • Mettre en place un plan ambitieux contre les violences sexuelles et sexistes à hauteur de 1 milliard d’euros, notamment pour les associations, en faveur d’action de formation, d’information, prévention, soutiens juridique et psychologique, à la fois dans les institutions, entreprises, et dans l’espace public.
  • Poser un âge de consentement à 15 ans, avec inversion de la charge de la preuve. Il n’y aurait pas alors en cas de procès à prouver qu’il y a viol mais d’apporter la preuve du consentement.
  • Reconnaître juridiquement l’existence du féminicide.
  • Mettre en place des actions et formations pour démonter les préjugés à l’école et changer le climat sexiste et violent qui y règne.
  • Imposer davantage de règles pour créer une parité de fait en politique (comme pour les élections départementales ou européennes).
  • Rédiger les documents publics de façon épicène ou avec une écriture inclusive.
  • Prendre des mesures fortes contre le racisme, la pauvreté, la précarité.

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Notes et sources :

[1] Christine Delphy, Classer, dominer. Qui est l’autre ?
[2] Concept de Françoise Héritier
[3] Le « + » est utilisé pour souligner le fait que l’usage de ce terme inclut bien les femmes trans tout comme les personnes alignées sur le genre féminin.
[4] Colette Guillaumin, Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature

[5] Terme de Kimberlé Crenshaw. Voir aussi les analyses afro-féministes de Bell Hooks, Audre Lorde, Angela Davis,
[6] Causette, n° 97, février 2019, p. 13 

[7] Noémie Renard, L’impuissance comme idéal de beauté des femmes : https://antisexisme.net/2016/01/02/impuissance-01/

[8] https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/

[9] https://www.inegalites.fr/Une-repartition-desequilibree-des-professions- entre-les-hommes-et-les-femmes?id_theme=22. Voir aussi le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : http://www.haut-conseil- egalite.gouv.fr/ 

[10] Comme le théorise Monique Wittig dans la Pensée Straight
[11] Lors de la première action médiatique du MLF, le 26 août 1970, un groupe d’une dizaine de femmes déposent sous l’Arc de Triomphe à Paris, une gerbe de fleurs « à la femme du soldat inconnu »
[12] Françoise Vergès, Un féminisme décolonial 

[13] https://www.inegalites.fr/Une-repartition-desequilibree-des-professions- entre-les-hommes-et-les-femmes?id_theme=22. Voir aussi le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : http://www.haut-conseil- egalite.gouv.fr/
[14] https://www.slate.fr/story/160996/societe-attentat-toronto-incels- involontary-celibates-frustration-strategie-victimisation-haine-femmes
[15] Causette, n° 97, février 2019, p. 13
[16] Comme le théorise Monique Wittig dans la Pensée Straight 

[17] Patric Jean, La Domination masculine (film)
[18] Noémie Renard, L’impuissance comme idéal de beauté des femmes : https://antisexisme.net/2016/01/02/impuissance-01/
[19] http://www.slate.fr/story/167501/orgasme-feminin-moyen-age
[20] En Inde, par exemple : https://blog.courrierinternational.com/ma- decouverte-de-l-inde/2017/07/24/avoir-ses-regles-en-inde-un-tabou- menstruel/
[21] https://www.inegalites.fr/Une-repartition-desequilibree-des-professions- entre-les-hommes-et-les-femmes?id_theme=22. Voir aussi le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : http://www.haut-conseil- egalite.gouv.fr/
[22] Clarence Edgar-Rosa, Les gros mots abécédaire joyeusement moderne du féminisme

[23] https://www.inegalites.fr/Une-repartition-desequilibree-des- professions-entre-les-hommes-et-les-femmes?id_theme=22. Voir aussi le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : http://www.haut- conseil-egalite.gouv.fr/
[24] https://www.inegalites.fr/Une-repartition-desequilibree-des- professions-entre-les-hommes-et-les-femmes?id_theme=22. Voir aussi le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : http://www.haut- conseil-egalite.gouv.fr/ 

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