> Une tribune parue sur Le Plus :

Lundi midi, après plusieurs péripéties, Jean-Marc Ayrault annonce la suspension de l’écotaxe, une mesure pourtant avancée depuis 2009. Si nous n’étions pas entièrement d’accord sur la manière dont elle devait être appliquée, elle était un premier pas bienvenu vers une fiscalité écologique intelligente. En incitant à préserver notre planète, en privilégiant les transports moins polluants sans pénaliser les petits transporteurs, en relocalisant l’économie et les emplois, l’écotaxe permet, à son échelle, ce changement de modèle que nous portons.

Or, avec cette énième reculade du gouvernement et du président de la République, la déception s’est amplifiée et la colère nous est montée au nez.

Certain-e-s ministres nous avaient déjà montré leur capacité à changer de bord au gré des vents lobbyistes, mais là, c’était le renoncement de trop. Il y a un moment où, à force de vouloir rafistoler la courbe des sondages, la boîte à outils ne sert plus qu’à faire du bricolage opportuniste. D’où l’idée de frapper fort, d’exprimer notre colère et notre déception avec une image qui marque avec humour tous les citoyens qui attendent de vraies avancées sociales et environnementales de leur gouvernement.

Derrière cette image reste un message essentiel

Une « image qui marque », les Jeunes Écologistes d’Ile-de-France en ont trouvée une. Peut-être marquait-elle un peu trop. La métaphore couillue n’était pas du goût de tous et toutes… Nous regrettons qu’elle ait pu prendre aux yeux de certain-e-s un sens que nous ne souhaitions surtout pas lui donner. Mais nous regrettons également qu’il n’y ait qu’avec de tels visuels que les grands médias s’intéressent à notre combat et à nos propositions. Car derrière une expression reste un message essentiel : le désarroi de la gauche et de cette jeunesse qui ne sait plus qu’attendre du changement promis il y a un an et demi.

Quelques preuves de courage ont pourtant été montrées : le mariage pour tous, les 60.000 postes supplémentaires dans l’Éducation nationale, la loi ALUR.

Mais, ces avancées ne sont pas assez nombreuses. Sur encore trop de sujets centraux, nos responsables politiques tergiversent : la transition énergétique est reportée et le droit de vote des étrangers aux élections locales a été remis au placard. La séparation des banques de dépôt et d’investissement a été enterrée, tout comme la grande réforme fiscale ou la mise en place rapide d’outils pour une vraie régulation de la finance. Les langues régionales sont méprisées, la réduction de la « vie chère » en Outre-mer tarde à venir et la décentralisation s’effectue a minima.

Que représente un visuel maladroit face à ce qui ressemble à un grand renoncement de la gauche ?

L’important, c’est d’avoir du courage politique !

Nous aimerions que Jean-Marc Ayrault et François Hollande soient aussi prompts à écouter les mobilisations citoyennes pour une réforme plus juste du système des retraites, contre Notre-Dame-des-Landes ou encore celles pour la sortie du nucléaire.

Le candidat François Hollande avait pour ambition que la jeunesse vive mieux en 2017 qu’en 2012. Nous ne demandions qu’à le croire, comme nous ne demandons qu’à soutenir le gouvernement et le président de la République. Mais le compte n’y est pas. Avec un cap clair et cohérent, ce quinquennat doit répondre aux défis sociaux et écologiques de notre temps. La force du changement ne se puise pas dans un pragmatisme populiste, mais dans une volonté politique assumée par la majorité.

Ce n’est pas nuire à la gauche que de tenir ces propos. Au contraire, la montée du désenchantement et de l’exaspération doit nous appeler à faire bloc autour de nos valeurs communes que sont l’égalité, la solidarité, la justice sociale et environnementale. Aujourd’hui, les Jeunes Écologistes demandent au président de la République et à son Premier ministre de fermer leur porte aux conservatismes économiques et aux profiteurs, et de l’ouvrir un peu plus à la jeunesse et à tous ceux qui souffrent et qui attendent encore que la gauche leur tende la main !

Monsieur le président, peu importe que vous ayez des couilles ou des ovaires, l’important c’est d’avoir du courage politique !

Laura Chatel et Lucas Nédélec, secrétaire fédéraux des Jeunes Écologistes, Florence Sonntag et Jordan Trombetta, coordinateurs des Jeunes Écologistes Ile-de-France

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