Cette semaine s’est ouvert le sommet de Davos, ou Forum Economique Mondial. Comme tous les ans désormais, il s’accompagne de la publication du rapport d’Oxfam sur l’état des inégalités. Comme tous les ans également, se succèdent la cohorte de personnalités du monde militant, écologistes, femmes et hommes engagés pour la solidarité, figures de l’altermondialisme… en tête d’affiche de cette édition, la jeune militante Greta Thunberg. Les Jeunes Écologistes dénoncent ce spectacle hypocrite et manipulateur: les ultra-riches de ce monde sont le problème, pas la solution. 

La richesse des 1% les plus riches de la planète correspond à  plus de 2 fois la richesse de 90 % de la population mondiale, soit 6,9 milliards de personnes. Les milliardaires du monde entier, qui sont aujourd’hui au nombre de 2 153, possèdent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60% de la population mondiale. Les deux tiers des milliardaires tirent leur richesse d’un héritage, d’une situation de monopole ou de népotisme. Comme toujours, les chiffres des rapports d’Oxfam dépassent l’entendement. Ils concentrent en quelques symboles toute l’indécence de notre période, où l’ultra-richesse de quelques uns condamnent le reste de la planète et du vivant. 

Le Forum Economique Mondial, ou forum de Davos, est le symbole même de ce petit monde dont les activités et le train de vie détruisent notre monde commun. Il réunit celles et ceux qui, au fil des décennies, ont vu le capitalisme triompher, se sont accaparé et ont privatisé les terres, les ressources, les moyens de production, les connaissances…et les ont mis au service d’un projet dont l’aboutissement est la destruction du vivant et la bascule dans un régime de chaos climatique. Ce sont ceux-là mêmes qui auront les moyens de se protéger – en construisant des murs, en climatisant, en dépolluant, en sécurisant leurs espaces – des conséquences dramatiques du modèle dont ils et elles seront jusqu’au bout les défenseurs. 

Aujourd’hui, leur attitude face à la catastrophe climatique allie la technobéatitude à la « Greta-beatitude ».  « Nous devons écouter les jeunes » a t-on ainsi entendu dans la bouche de Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial. Cette fascination envers la militante suédoise et cet empressement à louer la « génération climat » et à placer ses espoirs pour l’avenir en elle n’est qu’une manière de se défausser d’une responsabilité bien réelle et d’un impératif d’action valable immédiatement. La génération climat ne vous demande pas d’avoir espoir en elle, elle exige que vous agissiez immédiatement. Pour les acteurs et actrices du forum de Davos, cela signifie accepter de voir ses capitaux investis dans le sauvetage du vivant ; pour les Etats, cela signifie de reprendre la main sur ces capitaux captés par des intérêts privés et désormais clairement contraires à ceux du bien commun planétaire.

Ne soyons donc pas dupes: la théorie du ruissellement est depuis fort longtemps contredite par les faits, l’ultra-richesse n’est pas seulement moralement répréhensible, elle est l’une des causes de la poursuite de l’emballement climatique et de notre incapacité. Nous ne trouverons des voies d’avenir face au chaos écologique que si nous nous attelons à construire des sociétés plus égalitaires, où la force publique renoue avec une capacité à imposer fortement les hauts capitaux pour maximiser les ressources disponibles pour les grands investissements nécessaires à la transition de nos modèles énergétiques, urbanistiques, alimentaires… La captation des capitaux par quelques intérêts privés est aujourd’hui ce qui nous empêche d’agir à la hauteur des enjeux : les inégalités nous condamnent, combattons les de toutes nos forces.

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