Les résultats de l’élection présidentielle anticipée en Turquie sont enfin connus : Recep Tayyip Erdoğan est ré-élu président, et dispose d’une majorité parlementaire absolue. Pour les personnes attachées à la démocratie parmi lesquelles les Jeunes Écologistes, ce résultat a un goût amer.
Premièrement, la régularité du scrutin est remise en cause. Si rien n’est avéré pour l’instant, et que le résultat n’est très probablement pas impacté par les irrégularités dont il serait question dans le Sud Est de la Turquie, à majorité kurde, l’arrestation de dix observateurs.trices étrangers (dont trois français·e·s de la délégation du PCF dans la province d’Ağrı) n’est pas sans poser question sur le déroulement des votes. De même, les premières annonces de résultats partiels ont eu lieu tôt dans la journée, ce qui questionne les opposant-e-s à l’AKP sur l’influence que cela a pu avoir sur les votes
Mais surtout, ce sont les conditions générales du vote et le contexte de la Turquie qui questionnent gravement les défenseuses et défenseurs de la démocratie. A travers ce communiqué, nous tenons à rappeler que :
– La Turquie est, sous le régime Erdoğan, la plus grande prison du monde pour les professionnel-le-s des médias, d’après l’ONG spécialisée Reporters Sans Frontières. En février, trois journalistes reconnu·e·s ont écopé de peines de prison à vie pour avoir critiqué les autorités au cours d’une émission de télévision. Les journaux d’opposition sont peu nombreux et subissent des pressions constantes.
De plus, un décret-loi de février 2017 supprime les pénalités pour les chaînes ne respectant pas l’égalité de temps de parole en période électorale. Et de fait, hormis les discours de durée égale par candidat·e du 23 juin, le Conseil supérieur de radio et télévision a comptabilisé qu’en mai, les chaîne publiques ont accordé 67 heures et 58 minutes de temps de parole à Erdoğan et ses alliés, contre 6 heures et 43 minutes au candidat du Parti républicain du peuple, parti kémaliste et seconde force politique du pays. Or, il ne peut y avoir de système démocratique sans une information libre et plurielle.
– Les opposant·e·s politiques connaissent également des pressions multiples. Rappelons que Selahattin Demirtaş, le candidat du HDP (Parti Démocratique des Peuples, parti de gauche, issu du mouvement politique kurde et proche de l’écologie politique) et président du groupe parlementaire de ce parti à l’Assemblée, a fait sa campagne depuis la prison où il est retenu suite aux purges ayant eu lieu après la tentative de coup d’état de 2016.
Pour ces raisons, les Jeunes Écologistes réclament que l’Union Européenne agisse en faveur des droits de l’opposition face aux pouvoirs renforcés d’Erdogan, et pour une justice indépendante du pouvoir qui puisse déterminer la régularité du scrutin.
Contacts :
Célia Da Costa Cruz, co-secrétaire fédérale – 06 29 70 95 61
Hugo Cordier, co-secrétaire fédéral – 06 14 29 27 28