« Make our planet great again » – Emmanuel Macron, Président de la République fraîchement élu, répondait aux Américains qui s’étaient retiré de l’accord sur le climat signé à Paris un an plus tôt. Une bien belle annonce, qui avait fait naître une lueur d’espoir dans nos yeux encore un peu trompés par le visage double du macronisme ; notre Président prenait alors la tête des progressifs du monde entier ; toutes les rédactions d’envergure chantaient ses louanges.
Deux ans plus tard, nous voilà au soir d’une journée bien étrange. Aujourd’hui, dans une chaleur caniculaire qui rendait sans doute très inconfortables les fauteuils de l’Assemblée, Greta Thunberg est venue s’exprimer devant un parterre plein d’hommes et de femmes politiques qui l’ont d’ailleurs écouté avec attention et maints dodelinements de tête approbateurs. Il y en a même qui ont pu la féliciter de son engagement et appeler la jeunesse à continuer le combat. L’ont-ils vraiment entendu, le reste de l’après-midi nous l’a appris : malgré les alertes unanimes lancées par de nombreux acteurs de la société civile sur l’incompatibilité manifeste de l’accord de libre-échange avec l’accord de Paris, malgré les inquiétudes nombreuses exprimées sur l’impact du CETA sur l’activité de nos agriculteurs et sur les risques avérés de fragilisation des normes sociales et sanitaires et ce au niveau européen, cet accord climaticide, à contre-histoire, à rebours de tout ce qu’il faudrait être en train de faire et de décider actuellement, a été ratifié par nos parlementaires.
« Make our planet great again »
Tout en clamant haut et fort que l’écologie était devenu un axe primordial du second volet du quinquennat, notre président a cru bon de faciliter l’importation de viande d’un autre continent. Des produits fabriqués avec des normes inférieures aux nôtres, sans traçabilité, au bilan carbone désastreux. Ce traité constitue une porte d’entrée déviée par laquelle les Américains, avec des produits encore moins encadrés, pourront atteindre le marché européen. Surtout en contradiction totale avec l’Accord de Paris sur le climat, le CETA doit encourager l’exportation des énergies fossiles les plus sales ( sable bitumineux, fracturation) du Canada vers l’Europe au détriment de l’environnement et de la planète alors même que le gouvernement s’est engagé à interdire leur production en France.
« Make our planet great again »
Ce traité a été signé seulement quelques heures après avoir applaudi Greta Thunberg, 16 ans, dans le même hémicycle, venue défendre la planète et ses êtres vivants face aux lobbies, à l’immobilisme. Face aux adultes, aussi, restés pour beaucoup placides face à un monstre qui les concernent moins, ou pas. Face aux petits pas, face aux multinationales, Greta Thunberg a martelé le même message d’urgence et d’appel à l’action, et, du haut de ses 16 ans, elle a été applaudie par nos député-es et la fine fleur des intellectuel-les françai-es. Deux heures après, l’Assemblée votait le CETA. Il est vrai que retourner sa veste ne prend que quelques secondes, mais quand même, et ce sont des jeunes qui vous le disent, un peu de constance ne ferait de mal à personne !
« Make our planet great again »