La COP29 à Bakou est une impasse

Aujourd’hui lundi 11 novembre s’ouvre la 29e COP sur les changements climatiques à Bakou, en Azerbaïdjan. Alors qu’il est aujourd’hui plus que jamais impossible d’ignorer les conséquences de l’inaction climatique, la COP devrait constituer une lueur d’espoir pour mettre un terme à cette inertie, et enfin se placer à la hauteur des enjeux. Cette conférence des Nations Unies devrait pouvoir être le lieu de la mise en œuvre d’un objectif clair: enfin appliquer les mesures nécessaires pour protéger les populations et les écosystèmes des effets du dérèglement climatique, en acceptant de renoncer à la poursuite systématique du profit et des logiques productivistes. Alors que les inondations massives et meurtrières de la semaine dernière en Espagne constituent un énième exemple de l’urgence du sujet, le système des COP n’est pas à la hauteur des enjeux.

Un pays hôte ennemi des politiques écologistes et des droits humains.

Le symbole envoyé par l’accueil de la COP, pour la deuxième année consécutive, dans un pays producteur et promoteur des énergies fossiles, est extrêmement inquiétant. En effet, comment espérer un changement réel, alors que les COP accueillent toujours plus de lobbyistes pétroliers, tout en restreignant la participation de la société civile ? Si l’opposition azerbaïdjanaise et les journalistes sont réprimés et emprisonnés, et que la corruption règne tandis que la liberté d’expression est bafouée, comment pouvons-nous accepter la tenue de cette COP à Bakou ? Il en va de la nécessaire liberté des lanceurs d’alerte, des militant·es et ONG écologistes, et des journalistes, qui doivent pouvoir préparer et couvrir cette COP sans être inquiété·es.

Mais c’est également un enjeu géopolitique : le président Aliyev déclarait lui-même récemment que le choix de l’Azerbaïdjan pour la COP constituait la preuve de la confiance de la communauté internationale en son pays. C’est particulièrement inquiétant, au vu de l’entreprise d’une violence inouïe menée en Arménie en septembre 2022 par le régime dictatorial azerbaïdjanais, et du nettoyage ethnique dans le Haut-Karabagh, qui constituent des violations répétées des droits humains et du droit international. Les Jeunes Écologistes ont pu rencontrer l’organisation FRA · Nor Séround, au côté du représentant du Haut-Karabagh en France et d’exilé·es de cette région. Leur témoignage démontre des enjeux fondamentaux entourant cette COP dans la diplomatie azérie. À ce titre, nous leur apportons notre soutien.

L’indispensable changement du système de désignation des pays hôtes de la COP

Après la COP 28 à Dubaï, la tenue de cette édition à Bakou est une insulte aux militant·es écologistes et pour les droits humains, mais aussi aux Arménien·nes. Cela soulève inévitablement l’enjeu de la réforme du système de désignation des pays hôte des COP. Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin d’un lieu à l’échelon international d’échange et de prise de décision face aux changements climatiques. Les enjeux écologiques ne peuvent en effet n’être traités de façon juste et efficace qu’au niveau global, en prenant en compte les spécificités locales et historiques. Mais pour assurer la cohérence et la légitimité de ce cadre, il faut impérativement une désignation des pays hôtes qui s’inscrit dans une logique d’équilibre Nord-Sud, de lutte contre l’impérialisme et contre le bafouement des droits humains. Ces sommets ne peuvent plus servir d’opération de blanchiment à des régimes qui n’ont d’égard ni pour le climat, ni pour les droits humains.

La nécessité de normes contraignantes

L’impasse que représente la COP 29, décrite comme une “perte de temps” par la Papouasie-Nouvelle Guinée, démontre le besoin de voir émerger une instance régulatrice plus forte, pour assurer une gestion de la crise climatique au niveau mondial. L’absence d’une organisation internationale dédiée au droit de l’environnement mine la cohérence et la coordination des actions pour lutter contre les changements climatiques. Le recours massif à des instruments non-contraignants contribue à perpétuer l’irresponsabilité des pays impérialistes et carbo-dépendants.

Tirer des conclusions claires de la situation

Notre écologie politique ne se réduit pas à un environnementalisme aveugle, faisant abstraction des atteintes aux libertés, aux droits humains et à la dignité des peuples. Certes cette COP ne peut être complètement abandonnée aux lobbys des énergies fossiles ; de fait, les ONG doivent pouvoir s’y rendre pour montrer la possibilité d’une autre voie. Le retrait des accréditions de la Fédération des Jeunes vert·es européen·es montre bien la supercherie que représente cette COP dans son rapport à la société civile.

En tant que mouvement de jeunesse de l’écologie politique en France, les Jeunes Écologistes boycotterons cette COP pour manifester notre opposition catégorique à l’accueil de ces événements majeurs par des régimes ennemis des droits humains et de la lutte contre les changements climatiques. De la même façon, tous les États attachés au respect des droits humains et des principes démocratiques doivent s’y rendre avec des délégations réduites au strict nécessaire.

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