Chaque samedi, depuis novembre 2019, des militant-es bloquent les accès aux supermarchés appartenant aux familles des békés, les descendant-es des premiers colons européens aux Antilles françaises. Le 16 juillet 2020, alors que des manifestant-es anti-chlordécone étaient rassemblé-es devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer la libération de trois autres militant-es arrêtés dans la matinée, Keziah Nuissier est violemment tabassé.
Keziah, militant anti-chlordécone de 21 ans, est battu par une dizaine de membres des forces de l’ordre. Il est par la suite placé en garde à vue et accusé d’avoir agressé ses agresseurs. La scène est filmée par un riverain. Son procès devait avoir lieu le 27 août, mais son état de santé dû aux coups reçus l’a renvoyé à ce lundi 9 novembre 2020. Keziah est tabassé, mais c’est lui qui doit comparaître pour violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique. C’est consternant ! A l’heure où le gouvernement souhaite faire passer une proposition de loi sur la « Sécurité Globale » visant notamment à sanctionner pénalement les personnes diffusant des images de fonctionnaires des forces de l’ordre dans le but d’atteindre leur intégrité, les images du tabassage de Keziah démontre une nouvelle fois l’importance de ces preuves.
Les Jeunes Écologistes affirment leur soutien à Keziah Nuissier, ainsi qu’aux autres victimes de la répression policière lors des mouvements anti-chlordécone.
Il est nécessaire de rappeler que l’origine de cette répression provient de l’empoisonnement massif des Antilles par le chlordécone. Ce dossier est un scandale sanitaire, environnemental, social et économique ! Le chlordécone est un pesticide organochloré, toxique et perturbateur endocrinien, persistant jusqu’à 7 siècles dans les sols. Introduit en 1972 pour lutter contre le charançon dans les bananeraies en Martinique et Guadeloupe, il sera interdit officiellement en 1993 par les autorités françaises. Cependant, en raison de dérogations multiples obtenues par les entreprises détenues par les lobbys de la banane, ce pesticide continuera à être épandu malgré les différentes études attestant de la dangerosité du produit.
Plus de 90% des Guadeloupéen-nes et des Martiniquais-es sont aujourd’hui contaminé-es !
Les premières victimes sont les ouvrier-es agricoles, premier-es témoins de l’impact du chlordécone. Dès 1974, les revendications contre le chlordécone affluent et, à l’image d’aujourd’hui, la répression est la seule réponse de l’Etat français. Les terres, le sol, les eaux des rivières et des côtes, tout un écosystème est contaminé. Le constat est semblable pour la population : cancer de la prostate, troubles de développement, prématuré-es, endométrioses sévères, et autres impacts de ce perturbateur endocrinien. Plusieurs plaintes sont déposées depuis le début des années 2000, mais aucun responsable n’est reconnu.
Les Jeunes écologistes dénoncent cette répression envers les citoyen-nes et réclament justice et réparation pour les préjudices subis depuis 50 ans.
La principale explication à cette utilisation intensive du chlordécone est économique, basée sur un désir de rendements et de profits, négligeant implicitement les multiples impacts sanitaires et environnementaux. Un empoisonnement perpétré par les grands planteurs issus des familles esclavagistes, et tout cela avec la complicité de l’Etat français. Une population ignorée et méprisée, empoisonnée par ce système de profits mis en place par les grands planteurs, sous fond de pratiques coloniales d’habiter la terre. Une ligne de plus parmi les milliards d’exemples d’un système destructeur et tueur : le capitalisme. Nous, consommateur-trices de produits tels que la banane de Martinique et Guadeloupe, nous avons la responsabilité d’être conscient-e des dégâts et des violences sous-jacentes à la production de ces ressources.
Le chlordécone empoisonne, la police réprime, le capitalisme tue.
Les Jeunes Écologistes demandent que des démarches pénales soient engagées pour réparer les effets du chlordécone sur la santé humaine des citoyen-nes français-es.
Les Jeunes Écologistes réaffirment leur souhait que l’Etat reconnaisse le crime d’écocide.
Les Jeunes Écologistes réaffirment leur volonté d’être des Allié-es des luttes, pour donner la parole aux militant-es et collectifs engagées, afin de soutenir et mettre en avant celles et ceux qui se battent pour la justice et la vérité.
Signons ensemble la pétition de soutien pour demander la relaxe de Keziah.