Monsieur le président,

Une nouvelle année s’ouvre, et hier, vous présentiez vos vœux à la jeunesse. Nous n’en attendions certes pas grand chose, mais après tant de déceptions nous gardions l’espoir que la priorité jeunesse que vous brandissez tant ne reste pas qu’un vain mot.
Sauf que voilà, que nous proposez vous pour la jeunesse ?
Vous nous proposez un service civique universel, qui tend à devenir obligatoire dans nos parcours scolaires et universitaires.
Vous nous proposez un livret citoyen, plus de cours d’éducation civique, une extension de la Journée d’appel et de préparation à la Défense.
Et voilà qui est tout, après une heure de discours, après presque quatre ans à la présidence de la République. Pire, pendant ce temps, vous en finissez discrètement avec la Garantie Universelle des loyers, l’une des rares mesures en faveur de l’égalité de votre mandat qui aurait permis à de nombreux jeunes issus de milieux défavorisés d’avoir les mêmes possibilités d’accès au logement que les plus riches.

Cela parait assez clair : en fait de vœux à la jeunesse, vous avez fait le voeu que la jeunesse reste tranquille, forme de bons citoyens, réadhère au pacte républicain que vous maintenez. Vous brandissez le pacte républicain, monsieur le Président, mais un pacte nécessite notre signature et celle-ci ne s’obtient pas de force.
Alors voici un indice pour vos prochains voeux à la jeunesse, les derniers : comment pouvez vous croire une seule seconde que la jeunesse veuille adhérer à un projet de société qui ne veut pas d’elle ? Êtes vous donc si aveugle sur les causes de la radicalisation, du rejet de la politique, de la France, des institutions ? Pensez vous sérieusement pouvoir les traiter à grands coups de cours d’éducation civique, de livrets et de bons points de citoyenneté ?

Les causes, monsieur le Président, elles sont simples et vous les connaissez, vous aviez l’ambition de vous en préoccuper au début de votre mandat, même si cela n’a pas dépassé le stade des mots.
La grande précarité qui touche les jeunes, qui s’aggrave année après année, en est une. En 2016, il est plus que temps d’en finir avec l’exploitation au travail pour des salaires de misère, d’avoir enfin accès à une alimentation et un logement décents, d’avoir le choix d’un futur professionnel et personnel épanoui. Contre la crise de l’emploi, contre l’exclusion dont souffrent les jeunes aujourd’hui, contre les difficultés d’accès à l’école et aux universités, agissez. Pour cela, des solutions existent: un véritable et effectif droit au logement, le maintien du service public de l’éducation au lieu de sa mise en concurrence, un encadrement des loyers, et surtout, un revenu de base inconditionnel qui permette à chacun-e de subvenir à ses besoins de base pour vivre, idée révolutionnaire qui se répand de plus en plus dans la société civile.

Le manque de confiance dans l’avenir est une autre cause, centrale : avec vos propositions, comment simplement pouvoir envisager un avenir qui ne soit pas pire que celui de nos parents, comme le dictent nos textes constitutionnels ou la déclaration universelle des droits de l’Homme ?
Monsieur le président, vous êtes celui qui a durant son mandat obtenu un accord international sur le climat. Cet accord n’a aucun sens, s’il n’est pas appliqué. Pour commencer, l’arrêt de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes serait le signe d’une pris en compte des enjeux climatiques, démocratiques et environnementaux.
Vous êtes également le président qui a connu les pires attentats en France depuis bien longtemps : mais l’horizon guerrier comme le tout sécuritaire ne peuvent être une réponse efficace à long terme, et ne fait qu’alimenter une spirale sans fin de violences et d’attaques terroristes.

Le mépris enfin dont la jeunesse fait l’objet et dont votre discours d’hier est un triste exemple, est une autre de ces causes. Encore une fois, les jeunes, dans votre esprit et dans le débat public que vous générez, sont un problème à résoudre, des citoyens « défaillants » à rééduquer. Mais ne voyez vous pas la vivacité des jeunes dans le nouveau monde qui se crée, dans l’économie sociale et solidaire, dans le monde associatif, par exemple ? Les exemples sont légion qui montrent que quand on lui fait un peu confiance et qu’on lui laisse sa chance, la jeunesse a des ressources et beaucoup à apporter.

Pour répondre à ces causes, pour cette nouvelle année, nous avons besoin d’une politique qui lutte contre les inégalités et les injustices au lieu de les accroitre, qui défende le droit du travail, notre santé, nos libertés, et notre environnement, ce qui devrait être la priorité d’un gouvernement dit socialiste, dit de gauche.
La priorité jeunesse monsieur le président, vous en parlez : mais nos priorités ne semblent décidément pas les mêmes, et il serait temps que vous entendiez la jeunesse si votre volonté est vraiment de remédier à ses maux.

Cécile Germain et Victor Vauquois, 
co-secrétaires fédéraux des Jeunes écologistes

Contacts presse

Victor Vauquois, co-secrétaire fédéral : 06 33 30 05 69
Cécile Germain, co-secrétaire fédérale – 06 95 85 76 57

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