Communiqué de presse des Jeunes Ecologistes Aix-Marseille
04.11.2013
« Que laissons-nous aux générations futures? Des factures issues des gestions douteuses des marchés publics et des odeurs rances de modèles dépassés en matière de gestion des déchets », selon Théo Challande, ex-coordinateur des Jeunes Écologistes d’Aix-Marseille.
L’incinérateur de Fos-sur-Mer a en partie brûlé dans la nuit du vendredi 1er novembre, le rendant inutilisable.
« Alors que faisons-nous désormais des 1 000 tonnes de déchets qui arrivaient chaque jour à cet incinérateur ? Une nouvelle politique de gestion des déchets qui priorise la réduction, la réutilisation et le recyclage des déchets est la seule perspective viable pour protéger notre environnement, notre porte-monnaie et les générations futures. » affirme Typhaine Ortega, co-coordinatrice des Jeunes Écologistes d’Aix-Marseille
Cette nouvelle politique de gestion de déchets que nous souhaitons et défendons doit être la solution avant toutes autres modalités plus polluantes (incinération, enfouissement).
Bien loin derrière…
La Communauté Urbaine d’Aix-Marseille Métropole, qui envoyait moins de 365 000 tonnes de ses déchets par an à Fos, produisait 690 000 tonnes de déchets en 2010 au total, soit 660 kilos d’ordures ménagères (OMA) par an par habitant en 2011. Nous sommes bien loin derrière les 364 kilos par habitants au niveau national.
20% (2010) des déchets de la Communauté Urbaine (contre 46,5% (2011) des déchets collectés dans les Bouches-du-Rhones) partent au stockage, c’est-à-dire qu’ils sont simplement laissés là, à l’abandon dans les centres d’enfouissement. L’incinérateur de Fos absorbe lui près de 53% du total de nos déchets.
Nous sommes bien loin derrière les moyennes nationales mais aussi bien loin derrière les objectifs de la loi Grenelle de 2009 ! La loi fixe comme objectif national de réduire la production d’ordures ménagères et assimilées de 7 % par habitant entre 2008 et 2013, c’est à dire de passer de 390 kg en moyenne par habitant en 2008 à 362 kg en 2013. Encore une fois, nous produisons deux fois l’objectif national par habitant et par an dans la Communauté Urbaine d’Aix-Marseille Métropole.
Cette même loi indique que d’ici 2015, 45 % des déchets ménagers et assimilés devront être recyclés. N’ayons point d’inquiétudes, nous passerons assurément de 12% de déchets ménagers recyclés en 2011 dans la Communauté Urbaine d’Aix-Marseille Métropole au 45% envisagés pour 2015. Ce seront d’ailleurs seulement les 51 % de la population du territoire disposant à son domicile d’un bac pour la collecte sélective des déchets recyclables, selon la MPM, qui contribueront à cette évolution.
Devenir pilote sur le marché du recyclage? Tout est encore à faire mais des emplois sont à créer. Autant de levier à actionner pour dépasser la crise de l’emploi et améliorer notre impact sur l’environnement.
Face à notre montagne de déchets polluants, putrides et puants… que faire ? Recycler ? C’est possible et souhaitable !
L’Autriche affiche le taux de recyclage le plus élevé (63 %), suivie de l’Allemagne (62 %) en 2010 selon l’AEE (Agence Européenne pour l’Environnement). Globalement, 35 % des déchets municipaux ont été recyclés en Europe en 2010, et l’Union Européenne a fixé un objectif de 50% à l’horizon 2020.
Mais cette tendance ne doit pas être expliquée par une transformation des matériaux en énergie par le développement de nouveaux incinérateurs. Des choix plus écolo-friendly (réutilisation et recyclage stricto-sensu) de nos déchets est la meilleure solution pour diminuer notre impact environnemental.
Le paradoxe financier est lui aussi de taille. Si chaque année, le coût de gestion des déchets des poubelles non-recyclables est de 52€ par habitant pour les collectivités et représente 46,5% de l’avenir de nos déchets (enfouissement en décharges), le coût de gestion des déchets recyclables incluant le verre est d’environ 11€ par habitant. Nous savons tous faire le calcul le plus profitable et c’est sans dire combien coûterait l’intégration du coût environnemental issu de l’enfouissement des déchets.
Alors que les politiques mises en place par une alliance UMP-PS (Jean-Claude Gaudin / Eugène Caselli) manquaient cruellement de perspective et de terreau écologiste, les Jeunes Écologistes d’Aix-Marseille proposent pour l’avenir:
- de requalifier ce qui est un déchet et ce qui ne l’est pas : les matériaux réutilisables tels quels ou réparables pour peu d’efforts sont susceptibles de trouver un nouvel utilisateur et ne doivent pas être envoyés à la poubelle!
- de mettre en place un programme de prévention pour limiter à la source la production de déchets; en 2010 moins de 1% du coût de gestion des déchets était alloué à des programmes de prévention au niveau national. Ce programme peut être décliné sous la forme de campagne de sensibilisation ou d’ateliers pédagogiques dans les écoles, collèges et lycées,
- de promouvoir le tri à la source et d’organiser une chaine de réutilisation, de réparation et de recyclage couvrant l’ensemble du territoire (51% aujourd’hui) capable d’absorber un pourcentage maximum de notre production de déchets plutôt que de préférer l’incinération et l’enfouissement,
- de prioriser les chaines de traitement de déchets les plus bénéfiques en terme d’impact environnemental (par exemple, la production de 236kg de CO2 peuvent être évités en utilisant 1 tonne de déchets alimentaires pour nourrir des élevages d’animaux tandis que le choix classique de méthaniser cette même tonne, c’est-à-dire produire de l’énergie électrique ou de l’eau chaude, ne permet d’éviter qu’une production de 143 kg de CO2),
- de développer un plan de réduction de déchets du secteur commercial et touristique, (en 2010, la gestion au niveau national des déchets du secteur touristique et commercial coûtait aux collectivités 115€ par habitant contre 84€ par habitant pour le secteur des ménages individuels en zone urbaine),
- d’accompagner les entreprises souhaitant s’investir dans un programme « zéro déchet » (zéro production de déchets, chaînes de recyclage et de réutilisation négociée avec des partenaires ayant besoin des matériaux/objets jetés),
- de développer au niveau de la future Métropole le paiement d’une consigne sur les bouteilles en plastique et le verre en magasins pour augmenter le taux de recyclage des emballages,
- de développer des circuits routiers courts de ramassage des déchets et développer plus fortement le fret ferroviaire vers les centres de recyclage.
- de développer dans les zones urbaines (non-denses) et rurales, le paiement au poids des déchets produits par les ménages et les entreprises (sous-entendu: baisse des impôts locaux et introduction d’une taxe, d’un montant supérieur à cette baisse appliqué au poids moyen de déchets produit par ménage, divisé par le nombre de personne dans le ménage. Cette taxe ne doit pas être appliquée aux poubelles de recyclage et de compost dont l’utilisation doit être gratuite. Pour éviter que tous les plus malins jettent leurs déchets dans les poubelles de tri sélectif ou de compost, une amende doit être prévue.)
Pour en parler, les Jeunes Écologistes d’Aix-Marseille sont disponibles:
Benjamin Kaufmann & Typhaine Ortega
co-coordinateur co-coordinatrice
benjamin.kaufmann@free.fr typhaine.ortega@gmail.com
Sources :
– http://trionsnosdechets-mpm.fr
– http://ec.europa.eu/environment/waste/framework/targets.htm
– http://www.eea.europa.eu/publications/managing-municipal-solid-waste