Communiqué de presse du vendredi 20 septembre 2019.

Ce vendredi 20 septembre a lieu la première grande Grève pour le Climat de cette rentrée. D’échelle internationale, organisée et portée par une jeunesse mondiale qui depuis un an s’éveille et réclame que soit reconnu son droit à un avenir. Partout dans les grandes villes cette jeunesse battra le pavé, brandissant ses pancartes colorées comme on agite un drapeau de SOS. A l’heure où les scénarios scientifiques les plus récents prévoient +7°C pour la fin du siècle, cette Grève pour le Climat est une Grève pour le Futur et doit se suivre par une convergence de toutes les luttes le samedi 21 septembre. Nous exprimons dans ce communiqué de presse notre volonté d’y oeuvrer, dans les mots et par les actes, en annonçant notre présence aux côtés des gilets jaunes. Ce dimanche 22 septembre nous lancerons notre campagne de rentrée qui actera notre conviction qu’il faut d’urgence s’emparer de la politique, par la rue et par les institutions, pour enclencher la bascule.

Il est de plus en plus manifeste que le gouvernement actuel ne changera pas de cap et qu’il choisit la pente douce et soi-disant raisonnable d’un statu quo nous menant collectivement au chaos. La crise écologique est déjà là, elle trace déjà des frontières entre les riches et les pauvres. Nous ne sommes pas dupes du sens que revêt l’accroissement des inégalités et la concentration des fortunes au sommet, pas plus que nous ne sommes naïfs face aux discours de “bon sens” sur l’immigration préconisant la fermeture des frontières, ni face à la montée de la répression des mouvements sociaux réclamant du changement. Ce qui s’organise est la sécession des élites qui déjà ont accepté la dégradation généralisée des conditions de vie sur Terre et accumulent de quoi s’en désolidariser.

Nous, jeunesse écologiste, ne demandons ni les louanges d’adultes nous félicitant pour notre engagement et nous invitant à continuer, ni des mesures -aussi fortes soient-elles- accommodant à la marge le système actuel, mais bien la sortie d’un modèle qui provoque d’un même mouvement casse sociale, écologique, qui tout ensemble ubérise, bétonnise, exclue, exploite, précarise, et désertifie. Nous reconnaissons notre inscription dans le monde du vivant, dans cette nature qui par nous se lève pour se défendre. Nous affirmons l’incompatibilité entre la perpétuation du vivant et le modèle capitaliste, libéral, productiviste et consumériste qui nous gouverne et nous exploite actuellement. Nous nous reconnaissons solidaires de la situation des classes populaires et des minorités précarisées et violentées par ce même système qui détruit le vivant et compromet notre possibilité d’entrevoir un avenir viable, vivable, enviable. Notre bataille est écologiste, donc antiraciste, féministe, altermondialiste, profondément sociale, résolument radicale ; pour nous l’écologie est tout cela ensemble et simultanément, ou elle n’est qu’un faux-semblant.

Il y a urgence à rassembler les forces pour la faire gagner. Nous n’avons pas d’autre choix.

Ce samedi 21 septembre malheureusement, une fois encore, deux mobilisations distinctes animeront les rues parisiennes, deux foules battront le pavé. Le  scénario se rejoue:  la prochaine Marche pour le Climat du 21 septembre ne semble pour l’instant pas rejoindre la manifestation des Gilets Jaunes prévue le même jour. Nous n’avons pas le même vocabulaire mais néanmoins nous partageons les mêmes colères et les mêmes adversaires. Ne ratons pas cette foi-ci l’occasion de faire converger ces deux foules.

La première, c’est cette foule inquiète mais encore joyeuse et pacifique, en “marche pour le climat”, appelant à la réaction face à la perspective d’une “fin du monde” qui se traduirait par une dégradation généralisée des conditions de vie, un “effondrement” qui nous menace tous et toutes, dans notre intégrité physique, dans notre capacité à vivre collectivement de manière pacifique et digne.

La seconde, c’est cette cette foule déjà à bout, à bout depuis tant d’années déjà, cette foule de souffrances cachées, refoulées, qui depuis quelques mois enfin s’expriment. Avec les gilets jaunes la casse sociale découlant de manière inévitable de la victoire politique du capitalisme néolibéral, cette casse jusque là sourde et rampante qui s’était lentement immiscée dans les vies et les foyers, devenait visible et audible.

Dans la première et la seconde marche, il est question de dignité.
Dans la première et la seconde marche, il est question d’urgence.
Dans la première et la seconde marche, il est question de radicalité.

Dans la première et la seconde marche, nous sommes d’accord sur la nature et l’identité des adversaires et des discours qu’il faut de toutes nos forces affronter. Même responsables, même combat.

Nous n’avons certes pas les mêmes mots, les mêmes quotidiens, les mêmes manières d’exprimer nos émotions politiques. Néanmoins si nous voulons que réellement, fin du monde et fin du mois relèvent du même combat, il nous faut nous, écologistes, aller vers.  Il y a un risque réel à faire une écologie pour quelques uns. Une certaine écologie déjà crée des clivages entre les riches et les pauvres. Il y a un risque réel à manquer ce moment historique qui se présente à nous, où des forces sont en nombre mobilisables et décidées à enclencher la bascule. Si nous voulons être à la hauteur de ce qui se joue d’absolument inédit et de décisif en ce moment, il faut donc peser nos mots, il faut donc peser nos décisions et nos positions. Il faut se demander à qui on parle lorsqu’on parle de (seul) “climat”, et surtout à qui on ne parle pas. Il faut se poser des questions sur qui on voit “marcher pour le climat” et surtout qui on ne voit pas. Il faut aller vers pour comprendre ce qu’est concrètement cette écologie quotidienne et populaire qui est la seule voie possible vers un projet de société véritablement solidaire et égalitaire.

Nous, Jeunes Ecologistes, présents à la Grève pour Climat de ce vendredi, iront au rendez-vous donné ce samedi 21 septembre à 9h, place de la Madeleine, pour rallier la marche des gilets jaunes. Nous serons présents ensuite à la marche pour le climat avec le reste de ce grand mouvement qui doit désormais s’interroger sur la suite et le sens à donner à ce réveil écologique : nous devons parvenir à nous dépasser pour faire en sorte que l’écologie soit authentiquement radicale et enfin sociale. La convergence ne se décrète pas, elle se fait dans la rencontre, l’accolade, et la solidarité sur le pavé.

Contacts Presse : 
Claire Lejeune, co-secrétaire fédérale: 0628232685
Maxime Carpentier, co-secrétaire fédéral: 0606762387

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