La proposition :
Une révolution énergétique : pour l’emploi, le climat et notre sécurité.
L’urgence est là, et pourtant la situation énergétique française n’est guère brillante. Malgré Fukushima, la confiance aveugle dans le tout nucléaire continue, la consommation d’énergie ne cesse de croître et les engagements pris ne sont pas respectés, autant sur le climat que sur la part des énergies renouvelables.
Pourtant, seules les économies d’énergie et les énergies renouvelables peuvent apporter une réponse globale à la crise énergétique et au changement climatique. Contrairement à une croyance largement répandue, les énergies renouvelables ont le potentiel d’assurer la totalité de la consom- mation mondiale d’énergie, comme l’a montré le GIEC.
Elles correspondent à un vrai projet industriel permettant la création nette de plusieurs centaines de milliers d’emplois et sont les seules garantes de l’autonomie et de la sécurité énergétique de la France et de l’Europe. Le prétendu surcoût mis en avant par les lobbys nucléaires et les conservateurs n’existe pas. Ce n’est qu’une question de volonté politique.
Avec les Jeunes Écologistes, concrétisons la révolution énergétique : sobriété, efficacité, renouvelable !
Le texte complet :
Une révolution énergétique pour sortir des énergies fossiles et nucléaires
Nous vivons dans une « société fossile » depuis le XIXeme siècle. Nous sommes aujourd’hui tellement dépendants aux hydrocarbures que la moindre tension sur le marché énergétique à des conséquences insoutenables : au niveau mondial en termes de géopolitique et au niveau national sur l’économie et l’emploi. Une révolution énergétique est nécessaire. Pour l’emploi, pour le climat et pour notre sécurité.
En 2011, la France est gravement en retard sur ses engagements auprès de l’Union Européenne. Au rythme actuel, ce sont 7 Mégatonne d’équivalent pétrole (Mtep) qui feront défaut en 2020, soit un tiers de l’objectif officiel des 20 Mtep à réaliser pour porter à 23% la part des renouvelables dans la consommation énergétique.
Plutôt que de s’efforcer à inverser cette tendance, la France préfère se lancer dans une opération de lobbying auprès de l’Union Européenne pour transformer les objectifs en matière d’énergies renouvelables en énergies « décarbonées », permettant ainsi d’y inclure la production électronucléaire française. Elle a même partiellement atteint son objectif, puisqu’une résolution allant dans ce sens a été adoptée par le Conseil Européen en février 2011. Malgré la catastrophe de Fukushima, le gouvernement poursuit donc son enfermement dans le tout nucléaire. Dans le même temps, toutes les alternatives au nucléaire sont freinées, voire laminées. Il faut 8 à 9 ans pour réaliser un parc éolien, c’est trois fois plus qu’en Espagne. Plus de 10 000 emplois ont été supprimés en l’espace de quelques mois dans une filière photovoltaïque, clouée au pilori par le gouvernement. Rappelons pourtant qu’en dix ans seulement les énergies vertes ont déjà créé plus de 350 000 emplois en Allemagne.
Côté consommation d’énergie, le panorama est également loin d’être réjouissant. La consommation d’électricité est ainsi repartie à la hausse en 2010 (+1,9% par rapport à 2009, corrigée des aléas météorologiques). Par ailleurs, la qualité déplorable de l’isolation de nombreux logements, associée au recours massif au chauffage électrique, contraint la France à importer massivement de l’électricité fossile en période de grands froids, notamment d’Allemagne. Elle condamne également 3,4 millions de ménages à vivre en situation de précarité énergétique.
Le potentiel colossal des énergies renouvelables n’est pourtant plus à démontrer. Basé sur l’étude de nombreux scénarios, un récent rapport du GIEC a montré qu’elles pourraient contribuer à hauteur de 80% de la consommation mondiale d’énergie à l’horizon 2050. Moins de 2,5 % du potentiel technique des énergies renouvelables est actuellement utilisé dans le monde. S’il s’agit d’un défi technologique et sociétal important, approvisionner la France et l’Europe quasi-exclusivement grâce à des sources d’énergie renouvelables d’ici 40 ans n’a rien du fantasme. Les enjeux sont à la hauteur du défi. Seules les énergies renouvelables, associées aux économies d’énergie, peuvent assurer l’autonomie énergétique de la France et de l’Europe et apporter une réponse globale au changement climatique.
Le nucléaire lui, n’est qu’une fausse solution. Avec 440 réacteurs dans le monde, la plupart vieillissants (leur âge moyen est de 25 ans), l’énergie nucléaire appartient au passé ! Elle ne représente d’ailleurs que 6% de la consommation mondiale d’énergie. Vouloir faire du nucléaire la solution pour lutter contre le réchauffement de la planète, c’est accepter de construire des milliers de réacteurs, parfois dans des pays instables géographiquement ou politiquement, multipliant ainsi le risque d’un accident. C’est aussi s’attendre à des conflits majeurs pour le contrôle des ressources en uranium, pas plus renouvelables que ne le sont le pétrole, le gaz ou le charbon.
Nos propositions pour réussir la révolution énergétique
Avant-même la catastrophe de Fukushima et sa décision de sortir du nucléaire, l’Allemagne avait pour objectif de produire 85% de sa consommation d’énergie à partir de sources renouvelables à l’horizon 2050 ; voilà une politique de soutien stable et une vision à long terme ! Les énergies renouvelables ont besoin de cela pour se développer. Dans notre pays, derrière de belles paroles, la politique de soutien aux énergies renouvelables ne cesse d’être modifiée, en général pour le pire. Impossible dans ces conditions d’attirer les investissements nécessaires à l’émergence de filières françaises.
Une politique d’investissement ambitieuse
La révolution énergétique ne se fera qu’au prix d’investissements très importants :
- Dans la Recherche : Il est inacceptable que le nucléaire monopolise encore 60% de l’effort de recherche français sur l’énergie. Les différentes énergies renouvelables, les smart grids, le stockage de l’électricité doivent devenir prioritaires. Il s’agit de rechercher des nouvelles façon de produire, d’isoler et de consommer l’énergie.
- Dans le réseau électrique pour exploiter au mieux les complémentarités entre les différents pays européens et les différentes énergies renouvelables, ou dans le déploiement de smart-grids et de capacités de stockage pour gérer l’intermittence de certaines sources renouvelables.
- Dans des mécanismes suffisants de soutien au déploiement de capacités d’énergies renouvelables pour permettre l’existence d’un marché national fort. Les tarifs de rachat de l’électricité renouvelable constituent un levier extrêmement performant, si ils sont pilotés avec intelligence pour assurer une visibilité à long terme et limiter les effets spéculatifs.
Miser sur des fabricants de PME en réseau et sur un marché intérieur de consommateurs fort
La volonté très officielle du gouvernement de placer le marché des énergies renouvelables dans les mains de quelques grands groupes (EDF Energies Nouvelles, GDF, Alstom, Areva) est totalement contre-productive. Si l’Allemagne crée autant d’emplois dans les énergies vertes, c’est notamment parce qu’elle s’appuie sur un réseau de PME extrêmement dynamiques, rentables, créatrices d’emplois locaux et non-délocalisables.
Si l’Allemagne est devenu le grand leader mondial des énergies vertes, c’est d’abord grâce à l’importance de son marché intérieur. Eolien, solaire, biogaz : l’Allemagne est partout largement en tête des puissances renouvelables installées. Sans vrai marché national pour écouler l’essentiel de la production, il est totalement illusoire de voir émerger de façon durable une filière française.
Faciliter l’accès des énergies renouvelables au réseau électrique
Des efforts doivent également être menés pour faciliter l’accès des énergies renouvelables au réseau électrique. La procédure pour installer une centrale éolienne et photovoltaïque est longue, marquée par un grand manque de transparence, et terriblement inefficace. Un projet photovoltaïque bouclé en trois mois en Allemagne prendra jusqu’à un an et demi en France. De tels délais représentent un coût important qui freine la compétitivité des énergies renouvelables.
Faire du développement des énergies renouvelables une révolution citoyenne
Tous les sondages montrent que les Français sont massivement en faveur du développement des énergies renouvelables, conscients qu’ils sont de leur potentiel colossal en termes de création d’emplois ou de sécurité de l’approvisionnement en énergie. Cependant, et afin d’éviter un renversement de l’opinion, il est important d’impliquer au maximum les citoyens dans la construction de leur « autonomie énergétique ». Les temps de concertation et les réunions publiques organisées lors de la construction de grandes centrales éoliennes ou solaires sont en cela extrêmement importantes.
Un autre levier important d’implication des citoyens est la mobilisation de l’épargne afin de l’investir dans la construction de parcs éoliens, photovoltaïques ou autres. Des coopératives citoyennes existent déjà pour rassembler les fonds nécessaires à la production d’une électricité locale et renouvelable. En France, citons le projet Energie partagée, en cours de lancement. Dans certains pays où le prix de l’électricité est plus élevé qu’en France, ces coopératives permettent également aux citoyens de bénéficier de tarifs préférentiels et donc de diminuer leur facture d’électricité.
Investir massivement dans la rénovation énergétique des logements pour limiter les effets de l’augmentation du prix de l’électricité
La hausse des prix de l’énergie est inévitable : raréfaction des combustibles fossiles, exigences de sûreté accrues dans le nucléaire suite à la catastrophe de Fukushima, besoin de financement des énergies renouvelables et nécessité de faire face à des coûts très insuffisamment estimés jusqu’ici (démantèlement des centrales, gestions des déchets). EDF a ainsi annoncé en 2011 une hausse de 5 à 6% par an sur les cinq prochaines années. Une politique de développement des énergies renouvelables qui ne ferait pas également la part belle aux économies d’énergie, et notamment à un plan ambitieux de rénovation énergétique du bâti, risque donc fort, à terme, de se heurter à l’opposition des citoyens.
Au contraire, faire de l’isolation des logements une priorité est une urgence sociale. Elle permettra de redonner du pouvoir d’achat aux français et sera créatrice d’emplois.
Nos règlements d’urbanisme et notre réglementation thermique doivent également être révisés. Il s’agit de limiter l’étalement urbain et de faire de nos bâtiments des « bâtiments passif », n’ayant quasiment pas besoin de chauffage. Celui-ci représente justement entre 70 et 80% de l’énergie consommée dans un logement.
Une nouvelle tarification de l’énergie
Pour éviter que les ménages à faible revenu, déjà étouffés par les prix de l’énergie, ne soient les victimes de leur augmentation, une nouvelle tarification de l’énergie doit être mise en place. Nous sommes favorables à une taxe carbone redistributive, afin d’inciter les citoyens à la sobriété énergétique, et à une tarification graduelle du prix de l’énergie. L’accès à l’énergie étant un droit, les abonnements doivent être gratuits. Subvenir à ses besoins énergétiques de base étant également un droit, les premiers kWh doivent être abordables à très faible coût. En revanche, le coût unitaire de l’énergie doit rester croissant et augmenter fortement avec la consommation, pour dissuader les gaspillages.
Une Révolution Energétique en trois mots : Sobriété, Efficacité, Renouvelable !
- [1] http://www.enerzine.com/14/11983+le-giec-mise-sur-les-energies-renouvelables-ii+.html
- [2] surface PV = Consommation France 2010 (Wh)/Productible (Wh/Wc)/Rendement surfacique (W/m2) =488*10^12/1000/140 = 3486 * 10^6 m2 = 3486 km2
- [3] http://www.negawatt.org/scenario-negawatt-2011-p46.html
- [4] http://www.stanford.edu/group/efmh/jacobson/Articles/I/JDEnPolicyPt1.pdf & http://www.stanford.edu/group/efmh/jacobson/Articles/I/DJEnPolicyPt2.pdf
- [5] http://www.kombikraftwerk.de/fileadmin/downloads/Background_Information_Combined_p ower_plant.pdf
- [6] http://www.energie-partagee.org/