L’exploitation des animaux dans le cadre de la médecine et de la recherche scientifique, ainsi que les conditions de détention horribles qui les caractérisent, font malheureusement encore partie de notre quotidien au XXIe siècle. Le Code civil ne paraît pas aujourd’hui répondre à la spécificité animale en ne faisant qu’une distinction simpliste entre personnes et biens. Par ailleurs, même si une protection existe et rend les mauvais traitements et les actes de cruauté réprimés par la loi aux articles 521-1,R.654-1 et R.653-1 du code pénal, la qualification juridique de ces faits en matière pénale nous semble trop restrictive. Une application effective de ces dispositions nous semble indispensable, particulièrement en matière de conditions d’élevage de certains animaux, illégales selon nous au regard des textes précités.
Les Jeunes Écologistes, considérant que les animaux ne sont pas des objets, s’opposent à tout acte faisant souffrir un animal ou un groupe d’animaux pour des raisons économiques, alors même que des alternatives existent.
- L’expérimentation sur les animaux dans la recherche scientifique doit progressivement cesser au profit de méthodes substitutives et transposables à l’humain, afin que celles-ci se développent et deviennent la norme.
- Nous voulons une détention sans souffrance des animaux et une réduction massive des temps de transport d’animaux vivants. Il est inacceptable qu’un animal soit transporté pendant des milliers de kilomètres dans le simple but économique de réduction des coûts. La production locale, plus rationnelle et plus économique, et la recherche de circuits de proximité doivent être favorisées. Le transport aérien des animaux doit cesser. Ces voyages constituent un véritable massacre dans la mesure où la majorité des primates transportés meurent durant ces longs voyages, pour les seuls besoins de la « science » alors même que cette espèce est menacée de disparition.
- De même, nous nous opposons aux pratiques barbares opérées dans une recherche de réduction de coûts, comme l’entassement d’animaux dans des espaces extrêmement réduits et les conditions déplorables d’abattage tel que l’abattage à la chaîne sans étourdissement. En novembre 2010, la Cour des Comptes a remis un rapport accablant au Ministère de l’Agriculture concernant les abattoirs français. On y apprend que plus de 10% de la viande produite sort des abattoirs en « situation sanitaire préoccupante ». Nous nous opposons de ce fait aux élevage de poules ou de porcs en batterie et au gavage des oies.
Considérant que les animaux ne sont pas des objets, nous refusons une utilisation de l’animal tendant à divertir l’humain au détriment de leur droit le plus fondamental : vivre et se déplacer en liberté dans leur milieu naturel.
Dans ce sens :
- Nous revendiquons la création d’un statut juridique de l’être vivant dans le Code civil. L’animal passera donc du statut de « bien meuble » ou « immeuble » à celui d’être vivant.
- Nous reconnaissons la chasse comme loisir comme moralement indéfendable. C’est pourquoi nous soutenons une interdiction de la chasse à cour, ainsi que la chasse à l’aide d’appelant vivant ainsi qu’une concertation afin d’arriver à une loi équilibrée sur la chasse, permettant notamment le respect de la biodiversité.
- La souffrance animale ayant pour seul objectif la recherche de plaisir humain n’a plus sa place dans la société actuelle. De ce fait, nous nous positionnons pour l’abolition de la Corrida sur l’ensemble du territoire français. La France devrait également être l’un des promoteurs de son interdiction en Europe.
- L’animal doit cesser d’être utilisé dans les cirques où il est la victime asservie de dressages douloureux, d’humiliation et de vie en captivité où il est incapable d’exprimer ses besoins physiologiques.
- Concernant les jardins zoologiques, un effort particulier de l’État et des collectivités locales sera attendue pour une amélioration sensible des conditions de vie des êtres vivants. Un zoo ne doit plus être vu comme un lieu de divertissement dont la finalité est le profit, mais comme un lieu de conservation de la faune locale, dont la finalité est la sensibilisation des populations.
En raison des conséquences catastrophiques qu’entrainerait une perte importante de la diversité de notre écosystème et les répercussions que cela pourrait avoir sur l’espèce humaine, nous devons veiller à la préservation de la biodiversité. Ces mesures y participent.
Une protection de notre biodiversité et de l’espèce humaine
En lien avec notre opposition au productivisme, nous nous opposons à la production industrielle intensive de viande. Nous rejetons de même la pêche intensive, surexploitation pouvant à terme causer des dégâts irréversibles vis-à-vis de la biodiversité, de notre écosystème, et mettre en danger par répercussion notre propre survie.
En effet, outre les souffrances que ce mode de production inflige aux animaux, la surconsommation de viande et de produits animaux dont elle est le corolaire a des impacts sanitaires, environnementaux et humains importants.
- La surconsommation de viande est à l’origine de dégâts sanitaires humains importants tels que les maladies cardio-vasculaires, l’obésité ou différents cancers. Il est donc nécessaire de favoriser la diminution de consommation de viande.
- Les animaux élevés en confinement sont dotés d’une base génétique très pauvre, créant des conditions idéales d’émergence et de propagation de nouveaux pathogènes. Les maladies de la vache folle ou de la grippe aviaires en attestent, et ne sont que les conséquences logiques d’un système de production néfaste.
- Au niveau environnemental, l’ONU pointe l’élevage intensif mondial comme le responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre, dont le méthane (CH4) qui provoque un effet de serre 25 fois supérieur à celui du CO2. Au total, l’élevage industriel intensif représente plus de pollution que l’ensemble du secteur des transports. La FAO souligne également le rôle majeur de l’élevage extensif et du soja, céréale exportée comme aliment de bétail, comme première cause de la déforestation.
- Cette pollution s’accompagne de consommations excessives d’eau, d’énergie et autres ressources, et de l’utilisation massive de terres arables cultivées par méthode industrielle pour l’alimentation des bêtes. A l’heure où une partie importante de la population mondiale n’a pas accès à une eau potable, le gaspillage induit par l’élevage intensif doit être souligné. Alors que la production d’une protéine végétale nécessite 1L d’eau, il en faut 5L pour une protéine animale. Outre la rareté de l’eau potable, la pollution induite par l’élevage est également à prendre en compte, comme en atteste la situation des élevages de porcs en Bretagne.
- Enfin, nous reconnaissons le fort impact de la surconsommation de viande dans la répartition mondiale des denrées alimentaires et dans l’accès à une souveraineté alimentaire pour les populations de nombreux pays en développement. Ainsi, dans un rapport datant de 2010, la FAO estime que quasiment 1 milliard de personnes sont sous-alimentées dans le monde, et qu’un enfant sur trois est touché par la malnutrition dans les pays en développement. Si cette situation a de nombreuses causes, l’emprise de l’élevage sur les ressources naturelles disponibles constitue l’une d’entre elles. Au total, environ 70% des terres à usage agricole sont consacrées, de manière directe ou indirecte, à l’élevage, tandis qu’environ 36% des céréales produites sert à nourrir les animaux de ces mêmes élevages, qui pourraient pourtant être directement consommées par les humains. La France n’est pas exempte de cette situation, 2/3 de nos terres agricoles étant destinées à l’alimentation animale.
Dans ce contexte préoccupant, nous proposons que le régime végétarien, dont l’impact positif sur la santé a été montré, soit enfin reconnu comme une alimentation à part entière. Chaque personne doit avoir la possibilité de pouvoir choisir un repas végétarien complet et équilibré chaque jour en restauration collective, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Nous nous opposons de fait à la récente loi obligeant la restauration collective à fournir un apport carné par jour.
En ce sens, nous soutenons l’introduction d’un « veggie day », une journée par semaine sans viande, telle qu’elle existe déjà dans différentes villes européennes, pour sensibiliser le public à cette thématique importante et montrer qu’un plat sans viande est tout aussi riche tant au niveau d’apports de nutriments qu’au niveau gustatif.
La création de standards inscrits dans la loi et la reconnaissance de la dignité animale dans la Constitution française sont incontournables pour mettre un terme à la souffrance animale et seront un signe de progrès moral fort de notre société.
La place de l’animal semble pour beaucoup de personnes un sujet secondaire, voire marginal.
Pour cette raison, les Jeunes Écologistes souhaitent faire acte par leur positionnement d’une démarche globale d’éthique envers le vivant, de respect de la biodiversité et des conséquences environnementales importantes qu’a aujourd’hui une surconsommation de protéines animales.
Les Jeunes Écologistes affirment leur attachement à une protection de la biodiversité, du vivant, et d’un accès à la souveraineté alimentaire mondiale. Ils dénoncent un mode de consommation ayant des conséquences néfastes sur autant de domaines fondamentaux, responsable de conditions de vie terribles des animaux, mais aussi celles des humains qu’un mauvais partage des ressources prive d’un accès à une alimentation correcte.
Le souci de poser clairement notre vision de la place des animaux dans la société actuelle, d’améliorer le partage alimentaire mondial et de réaffirmer notre opposition à toute souffrance animal, a été le fil directeur de cette motion.
Les Jeunes Écologistes, considérant le respect du vivant comme un des principes de l’écologie politique, souhaitent en ce sens reprendre pour leur la citation de Gandhi « on reconnaît le niveau d’évolution d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».