Motion adoptée par l’Assemblée Générale d’août 2016.

Déjà pratiquée par plus de 800 millions de personnes dans le monde, l’agriculture urbaine connaît un fort développement en France. Alors que l’agriculture a peu à peu été chassée des villes, que les citadin-e-s ont été amené-e-s à faire leurs courses dans des supermarchés toujours plus grands, les liens entre ville et production agricole ont été malmenés.

S’il y a quelques années cultiver en ville pouvait paraître farfelu, aujourd’hui cela devient une véritable alternative, comme nous le prouve la multiplication des jardins partagés ou d’initiatives plus originales.

L’agriculture urbaine permet de poser les questions de la place de la nature en ville, du lien des citadins avec l’espace rural et l’agriculture, mais aussi du type d’agriculture que l’on souhaite voir se développer.
En effet, face à l’urbanisation croissante de nos sociétés, impliquant une artificialisation des sols, le besoin de se nourrir reste pourtant la première nécessitée à la vie humaine. Intégrant les pratiques agricoles en ville, l’agriculture urbaine rend ainsi accessible une offre alimentaire de qualité aux citadin-e-s tout en reconnectant la nature à la ville.

L’agriculture urbaine : une production rurale originale à chaque ville…

Variée de par ses formes ou ses productions, l’agriculture urbaine a pour originalité de savoir adapter les pratiques agricoles à la diversité urbaine. Ainsi, si les jardins partagés (gérés collectivement ou divisés en parcelles)  sont la manière de cultiver qui ressemble le plus à l’agriculture rurale, un large éventail de formes existe : bacs de jardinage collectifs dans les rues (comme les initiatives d’Incroyables Comestibles), culture sur les toits (jardin expérimental de 600 m² à AgroParisTech), sur son balcon, autour d’un arbre, le long des routes, dans une tour ou sur les toits d’un supermarché…

Principalement axée vers le maraîchage, qui se prête mieux au contexte urbain que la céréaliculture par exemple, l’agriculture urbaine se diversifie et des initiatives de vergers, d’apiculture ou encore d’élevage voient le jour.

… et qui présente de nombreux avantages…

C’est pédagogique ! Mettre les mains dans la terre permet de se reconnecter avec la terre, les saisons et les cycles culturaux.  En 2013, un enfant sur trois ne savait pas reconnaître une courgette ou un poireau. Non, les tomates ne poussent pas en janvier mais suivent des saisons. Ne pas respecter les saisons, c’est faire venir de loin des produits que l’on pourra consommer plus tard et ne pas manger les produits que l’on peut manger maintenant.

C’est créer de la mixité sociale et intergénérationnelle ! Les jardins partagés sont des espaces où l’on se rencontre, échange et où l’entraide est facilitée. Entre générations, entre savoir-faire, chacun peut apprendre. Mais au-delà des jardins partagés, nous voyons également que la création d’espaces verts comme des parcs et jardins sont également des espaces de rencontres qui permettent de créer du lien social.

C’est bon pour le climat ! Tous les aliments produits et consommés sur place évitent l’émission de gaz à effet de serre liés au transport. En encourageant les pratiques biologiques, c’est-à-dire sans utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, la planète ne peut que vous dire merci!

C’est bon pour les villes ! L’agriculture urbaine permet de repenser les territoires car en encourageant la réappropriation des sols, on prend le contre-pied de la bétonisation de nos espaces. Lutter contre la bétonisation des villes, c’est réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain. C’est aussi l’occasion pour les citoyen-ne-s de se réapproprier les territoires dans lesquels elles et ils évoluent !

… mais aussi des limites !

Cependant, l’agriculture urbaine connaît de nombreuses limites notamment liées à la réappropriation de lieux non destinés à l’agriculture. En utilisant des substrats, il est possible de créer artificiellement des espaces de cultures. En utilisant des lampes, il est possible de croire que l’on peut se passer du soleil pour faire pousser des végétaux. Mais nous refusons de créer des espaces artificiels quand des espaces bien réels en extérieur sont possibles. Face à la bétonisation, nous sommes pour des villes plus respirables où les végétaux ont leur place. Les cultures ne doivent pas demander d’énergie autre que celle du soleil pour pousser. L’objectif de l’agriculture urbaine doit aussi d’être de revenir à plus de simplicité, pas à une dépendance à des systèmes technologiques énergivores.

L’agriculture urbaine reflète notre vision de l’agriculture. Certain-e-s conçoivent en effet des containers chauffes dans lesquels des fraises pousseront sous haute assistance technologique, présageant que l’agriculture de demain sera connectée, complétement hors-sol, et dont tous les paramétrés seront contrôlés (à distance) par l’homme. Au contraire, nous pensons que l’agriculture a besoin de sols vivants, de soleil, et d’humains.

Cependant, il faut également garder à l’esprit le fait que l’agriculture urbaine n’a pas vocation à nourrir les villes et ses habitant-e-s. Les céréales et les légumineuses, pour ne citer qu’elles, sont exclusivement produites hors des villes. Si les Jeunes Ecologistes soutiennent une agriculture urbaine qui éveille les citadin-e-s à l’agriculture, nous réaffirmons notre soutien au monde agricole, indispensable pour nous nourrir tou-te-s.

La transition vers des techniques respectueuses des êtres vivants et de l’environnement dans le milieu agricole ne pourra se faire qu’avec le soutien des populations concernées. Pour sensibiliser les consommateur-trice-s à cet enjeu essentiel de notre société, l’agriculture urbaine peut et doit faciliter l’éveil des consciences.

C’est pourquoi les Jeunes Écologistes disent oui à l’agriculture urbaine, mais pas n’importe laquelle.

Les Jeunes Écologistes soutiennent la mise en place d’un pourcentage significatif d’agriculture urbaine dans chaque ville. Sur les toits, les friches et les espaces urbains dépollués, c’est en repensant nos villes que nous les rendrons respirables, soutenables et durables.

Que ce pourcentage soit indexé sur le nombre d’habitant-e-s afin que chacun-e ait un espace dans lequel il puisse jardiner. Cela passe par une nette augmentation du nombre de jardins partagés, la création de ruelles vertes, le développement de potagers dans les institutions publiques (notamment les écoles).
Les Jeunes Écologistes se positionnent contre l’agriculture urbaine énergivore, hors-sol et ultra-connectée. Le lien au sol, au goût, au terroir est important et ne doit pas être oublié devant certaines innovations technologiques.

Enfin, les Jeunes Écologistes réaffirment leur soutien au monde agricole rural respectueux de l’environnement, indispensable pour nourrir les citadin-e-s.

Sources :
http://www.fao.org/urban-agriculture/fr/
http://www.lefigaro.fr/societes/2016/03/18/20005-20160318ARTFIG00097-la-taxe-nutella-fortement-rabotee-sous-la-pression-des-producteurs-et-industriels.php

Cultures sans sol et sans reproches ?

http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/04/21/une-premiere-serre-urbaine-commerciale-verra-bientot-le-jour-en-plein-c-ur-de-paris_4906440_3244.html?xtmc=agriculture&xtcr=30

Share This