La proposition :
Renforcer la régulation des substances chimiques nocives pour la santé.
Aujourd’hui, les maladies sont de plus en plus liées à notre environnement. Partout, à la maison, au travail, dans les bâtiments et transports publics ou dans nos assiettes, des substances encore peu connues provoquent un nombre toujours plus important de cancers et maladies chroniques. À l’heure où l’espérance de vie commence à décliner, il est urgent de repenser notre rapport à la santé et à notre environnement.
Ce changement implique notamment de mieux réguler l’utilisation des substances chimiques présentes au quotidien. Le programme européen REACH permet déjà le recensement, l’enregistre- ment et l’évaluation de ces substances, notamment celles reconnues cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction.
Mais il est indispensable d’aller plus loin en renforçant les agences de sécurité sanitaire et en étendant le principe de précau- tion à l’emploi des substances chimiques d’usage courant, afin d’éliminer d’ici à 2020 celles nuisibles à l’homme et aux autres espèces vivantes.
Avec les Jeunes Écologistes, le vrai progrès, c’est la santé pour tous !
Le texte complet :
Pour une véritable politique écologiste en matière de santé environnementale.
A l’image de nos sociétés et de nos modes de vie qui ont considérablement évolué ces dernières décennies, notre santé a connu d’importants changements depuis la moitié du vingtième siècle. Ce sont ces changements qu’il nous faut mieux appréhender afin d’adapter nos systèmes de santé et de soins à notre époque.
En 2006, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un important rapport montrant que les causes de mortalité avaient changé. Alors que nous mourrions essentiellement de maladies infectieuses (comme la tuberculose) au début du siècle dernier, ce sont aujourd’hui les maladies chroniques (comme les cancers, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires) qui provoquent 86% des décès et 77% des maladies.
Cette nouveauté n’est pas sans conséquence quand on sait que la majorité de ces maladies chroniques sont évitables, puisque 40% des cancers et 80% des maladies cardiovasculaires et des cas de diabète sont provoqués par un déséquilibre alimentaire et pourraient être évités avec une meilleure prévention. Hélas celle-ci demeure le parent pauvre de notre système de santé où le médicament est la dépense vedette – nous en sommes le premier consommateur européen.
Du point de vue économique ensuite, une des particularités des maladies chroniques est que l’on vit longtemps avec et sans toujours la possibilité d’en guérir (contrairement aux maladies infectieuses de type aigu dont on guérissait souvent plus rapidement). Ainsi ces maladies impliquent des coûts croissants, de plusieurs milliards d’euros par an, alors que les affections de longue durée touchent déjà plus de 15% des Français et représentent environ 60% des dépenses de remboursement. Les maladies chroniques ou de civilisation soulèvent ainsi un défi majeur pour nos systèmes de soins déficitaires, ceux qui subissent des tentatives de réforme libérale vers un financement individualisé et une remise en cause du principe de service public au détriment des plus défavorisés. Les réformes inefficaces de ces dernière années – comme la hausse des franchises par exemple – s’attaquent plus aux conséquences de la crise sanitaire qu’à ses causes et ne font que déplacer voir aggraver le problème en rendant plus difficile l’accès aux soins pour les plus démunis et donc en retardant et renchérissant leur prise en charge, alors même que l’objectif d’un système de santé est d’assurer le meilleur niveau de santé de toute la population.
L’industrie pharmaceutique, enfin, joue un rôle particulièrement nuisible en matière de santé publique quand elle multiplie les nouveaux médicaments faussement innovants mais sans bénéfices pour la santé, attaque les médicaments génériques en les présentant comme moins efficaces, ou pousse les médecins à prescrire toujours plus de médicaments. Leur action vise essentiellement à maintenir la croissance de leur marché, ce qui nous conduit à une médicalisation excessive alors même que nous consommons déjà trop de médicaments dans les pays développés et en France en particulier.
A l’heure où notre génération n’est pas sûre de vivre en aussi bonne santé que nos aînés (qui ont bénéficiés des progrès de la médecine, de l’amélioration de nos modes de vie, de la fin des grandes épidémies, d’une alimentation plus saine et d’un mode de vie moins sédentaire, sans voiture ni télévision) et que l’espérance de vie commence à baisser dans les pays développés, il nous faut changer de logique et de politiques en matière de santé.
Une politique de santé cohérente doit enfin prendre en compte la réalité des maladies chroniques et de leurs causes. Le vieillissement de la population ne doit pas cacher les causes environnementales de la croissance des maladies chroniques, très dépendantes de notre environnement et de nos modes de vie.
C’est pour cela que nous proposons une autre approche de la santé, basée sur les progrès de la connaissance de ces dernières décennies et que l’on appelle la santé environnementale.
Selon l’OMS, « la santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des générations actuelles et futures ». Il s’agit d’une approche complète et durable de la santé vers laquelle il nous faut se rapprocher.
Un tel changement implique de refonder notre système de santé, en passant d’une approche essentiellement curative des soins à une approche plus globale de la santé. Car pour les écologistes, la santé est une condition à la fois de l’épanouissement des individus et d’un équilibre entre l’Homme et son environnement naturel et social. Elle est à concevoir comme une valeur positive et transversale, qui influe sur de nombreuses politiques.
Une politique de santé environnementale permettra ainsi de passer d’un système de santé purement médical (centré vers l’offre de soins, l’offre hospitalière) à un système de santé « complet », laissant une large place à la prévention et qui se préoccupe réellement des causes de maladies et de souffrances modernes. La santé et le bien-être doivent être considérés comme un tout, sans dissocier santé physique et santé mentale et en tenant compte de l’ensemble de leurs déterminants. Ils ne sont pas seulement l’absence de maladie mais l’alliance de bien-être physique, psychique et social, et constitue un objectif supérieur pour les politiques publiques.
Une politique de santé cohérente est donc une politique intégrée et transversale, qui pense l’ensemble nos politiques publiques à la lumière de la qualité de vie, tant pour les transports et l’aménagement du territoire que l’urbanisme, les loisirs ou l’alimentation. Mais bien que cette approche ne soit pas totalement nouvelle en France, puisque les pouvoirs publics ont commencé à faire le lien entre environnement et santé à travers le Plan national santé environnement (PNSE) et ses déclinaisons régionales, elle l’a été jusqu’ici de façon déconnectée avec l’assurance maladie et sans vision globale.
C’est pour cela que nous appelons à une politique de santé environnementale cohérente, articulée autour de cinq propositions concrètes :
Mieux réguler l’usage des substances chimiques nocives pour la santé. Partout dans notre environnement (à la maison, au travail, dans les bâtiments publics, dans les transports ou dans nos assiettes…) de multiples substances chimiques nous exposent à de graves troubles de santé. Il est urgent de mieux réguler l’utilisation des substances chimiques présentes au quotidien. Il existe déjà le programme européen REACH qui, depuis 2008, permet le recensement, l’enregistrement et l’évaluation des substances chimiques, notamment celles reconnues cancérigènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction. Mais il est indispensable d’aller plus loin en renforçant les agences de sécurité sanitaire et en étendant le principe de précaution à l’emploi des substances chimiques d’usage courant, afin d’éliminer d’ici à 2020 l’ensemble des composants synthétiques nuisibles à l’homme et aux autres espèce vivantes.
Restructurer et renforcer les agences de santé-environnement, notamment l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET), en supprimant les recoupements de mission et en comblant les champs non couverts (dont les effets sanitaires territoriaux de l’état de l’environnement). Il faut également clarifier le dispositif de sécurité sanitaire en créant un institut de veille environnementale et des agences régionales de la santé environnementale et professionnelle. Ces agences indépendantes veilleront à l’impact sur la santé de tous les produits et substances autorisés, tant au travail que dans la vie courante.
Eduquer, informer et faire changer les comportements.
Le processus d’éducation est une composante essentielle de la promotion de la santé. L’éducation pour la santé constitue ainsi une des clés des améliorations à venir dans l’état de santé des populations. Il s’agit d’informer les populations des comportements à risques ou sources de polluants et de les accompagner dans une adaptation de leur comportement afin d’arriver à un mode de vie et à des habitudes (notamment alimentaire) qui vont améliorer de manière durable leur santé. Beaucoup de progrès sont à faire, car dans tous les pays, les inégalités de santé sont considérables, avec par exemple en France plus de sept ans d’espérance de vie en moins pour un ouvrier par rapport à un cadre. Ces différences s’expliquent par un mode de vie et des comportements très différents, tant au niveau des habitudes alimentaires, et du cadre de vie, que de l’exposition à divers pollution. L’éducation est un moyen de réduire ces inégalités de santé. Il s’agit de renforcer les acteurs locaux tels que les IREPS (instituts régionaux d’éducation et de promotion de la santé) et CODES (comités départementaux d’éducation pour la santé) afin d’intervenir à destination du grand public, mais aussi et surtout à destination de population ciblés, sur une problématiques ou un territoire précis, en veillant à faire participer l’ensemble des acteurs concernés. A l’école et au collège, les instituteurs et enseignants sont des relais qu’il convient également de sensibiliser à ces questions par un programme spécifique.
Accorder une plus grande attention au stress et à la santé au travail.
Le stress apparaît depuis une quinzaine d’années comme l’un des risques majeurs auquel les organisations et entreprises doivent faire face. On parle de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre de son travail et les ressources dont elle dispose pour y répondre, bref quand les salariés ont l’impression de devoir toujours en faire plus avec moins de moyens. Les situations stressantes qui s’installent dans la durée ont à la fois un coût pour la santé des individus qui les subissent et des répercussions négatives sur le fonctionnement des entreprises. Plus de 20 % des salariés estiment que leur santé est affectée par des problèmes de stress au travail, ce qui en fait l’un des principaux problèmes de santé au travail avec les maux de dos, les troubles musculo-squelettiques et la fatigue. Face à cette situation, il faut renforcer les services de santé au travail qui préviennent les risques professionnels et promeuvent au sein des entreprises des modes d’organisation qui soient favorables à la santé physique et mentale des salariés. Pour le stress par exemple, il existe des moyens d’action à développer, comme la démarche de prévention collective qui consiste à réduite les sources de stress en agissant directement sur l’organisation, les conditions de travail, les relations sociales ou le poste de travail.
Elaborer un cadre juridique permettantde protéger les lanceurs d’alerte.
Un lanceur d’alerte est citoyen ou scientifique travaillant dans le domaine public ou privé, qui se trouve confronté à un fait pouvant constituer un danger pour l’homme ou son environnement, et qui décide de porter ce fait à la connaissance d’instances officielles, d’associations ou de médias, parfois contre l’avis de sa hiérarchie et donc avec des risques de représailles professionnelles. En l’absence de réglementation européenne, la loi française doit protéger les lanceurs d’alerte.
Développer la recherche en santé – environnement.
La recherche est essentielle pour mieux comprendre les interactions entre les produits et les êtres vivants et mieux mesurer l’impact des facteurs environnementaux sur notre santé. Sur ces questions, la pluridisciplinarité des travaux et expertises doit être favorisée pour faciliter un échange décloisonné des connaissances. Alors que la France n’investit pas assez dans ces champs là, les sciences de la précaution doivent faire l’objet d’un plan de rattrapage en faveur de la toxicologie et de l’épidémiologie française, avec un programme de biovigilance et des investissements important dans la médecine environnementale et dans les formations des professionnels de santé-environnement. Les réponses qu’apportera la recherche seront essentielles pour nos économies et nos modes de vie, comme par exemple pour les ondes électromagnétiques ou les polluants intérieurs. Il s’agit enfin d’utiliser ces connaissances pour mettre au point et généraliser l’usage d’indicateurs de l’état de santé de la population et de la qualité de l’environnement.
Reconnaître les médecines alternatives.
Il apparaît enfin utile de favoriser le recours à la médecine non conventionnelle, en complément de la médecine classique. Il existe en effet un grand nombre de pratiques médicales traditionnelles qui, à l’instar de l’acuponcture, de l’ostéopathie ou de l’homéopathie doivent être reconnues afin de proposer une véritable alternative médicale à la médecine conventionnelle qui n’offre pas de réponse satisfaisante à tous les maux de notre société.
Plus largement, il s’agira de favoriser toutes les actions s’inscrivant dans les trois axes suivants :
• l’amélioration du milieu de vie, en inscrivant la santé à l’ordre du jour de tous les milieux de vie (là où l’on travaille, ou l’on écoute, où l’on se détend…) en modifiant les conditions matérielles et organisationnelles qui influencent directement le bien-être des personnes.
• le développement des aptitudes individuelles et sociales : promouvoir la santé, c’est inscrire celle-ci à l’ordre du jour de chaque individu en lui donnant les aptitudes nécessaires (les savoirs, les savoir-faire, les savoirs-être) pour faire des choix personnels favorables à la santé.
• l’élaboration d’une politique publique saine : promouvoir la santé, c’est inscrire celle-ci à l’ordre du jour des responsables politiques des divers secteurs en les éclairant sur les conséquences que leurs décisions peuvent avoir sur la santé.