Le mardi 19 mars dernier, c’était l’occasion pour nous de débattre de la politique carcérale en France, en présence de deux représentantes du Genépi, le Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées. Nous avons pu échanger longuement avec eux pour mieux cerner d’une part les objectifs de cette association et d’autre part débattre plus largement des enjeux de la politique carcérale en France.
L’association remplit des objectifs axés sur le principe d’éducation populaire en permettant aux détenus des cours et animations variées (Code de la Route, cours d’anglais, géographie, etc.). Nous avons pu constater que, dans les faits, l’expérience est très différente entre le centre de détention de Vezin le Coquet (pour hommes) et le centre pénitentiaire pour femmes. La nouvelle prison de Vezin automatise un grand nombre de choses mais semble également et paradoxalement déshumaniser la prison.
Petit rappel des chiffres : 37% des prisons en France ont un taux d’occupation supérieur à 150%.
Concernant la récidive, les détenus ayant purgé leur peine en totalité sont 63% à récidiver, contre 45% pour les personnes ayant eu un aménagement de peine. Contrairement aux idées reçues, les récidives sont faibles pour les crimes graves et les peines longues d’emprisonnement. Les récidives concernent majoritairement les délits.
En matière de drogue, il semble important de réfléchir à une autre approche que la réponse du tout pénal privilégié actuellement. Les jeunes français sont ainsi les premiers consommateurs de cannabis, un délit encore passible d’emprisonnement (même si dans les faits, cela est très rarement le cas) ! 26% des jeunes entre 15 et 16 ans ont ainsi déclaré avoir consommer du cannabis au moins une fois au cours des 30 derniers jours.
Les études mettent également en avant l’importance de la préservation du lien social. Comme le dit l’un des détenus dans le film « Le déménagement », il est possible de s’adapter à toutes les contraintes matérielles, mais impossible de s’adapter à la disparition du lien social. Ainsi l’importance des liens sociaux diminue la probabilité de la récidive. Il semble donc important de reconsidérer la réponse pénale excessive actuelle mais également de favoriser les dispositifs alternatifs (type peines de substition) pour garantir la réintégration future des détenus dans la société.
Foucault : « On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Ne serait-ce pas la population qui est suremprisonnée ? »