Tandis que les riches sont responsables de manière disproportionnée de l’urgence climatique et de la dégradation environnementale, ce sont surtout les pauvres qui souffrent de leurs conséquences. Les liens entre les crises climatique, environnementale et sociale doivent être reconnus. Il ne s’agit pas de trois crises distinctes, mais de manifestations d’un seul et unique problème : l’exploitation capitaliste. 

Entre 1990 et 2015, le décile de la population mondiale le plus riche était responsable de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Les émissions de gaz à effet de serre des “1 % des plus riches” de notre planète ont augmenté depuis la signature de l’Accord de Paris et elles devraient probablement augmenter encore davantage d’ici 20301. Ces disparités frappantes sont le résultat de modes de vie complètement différents, dont témoignent par exemple les disparités de l’utilisation de l’avion. 1 % de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions causées par l’aviation, alors que 90 % des humain.e.s n’ont jamais pris l’avion2.

Ces inégalités environnementales prennent de multiples formes et sont présentes à toutes les échelles. D’un côté, les habitudes des plus aisé·e·s sont plus nuisibles à l’environnement et contribuent davantage au changement climatique que celles des moins riches. De l’autre côté, l’exposition aux nuisances environnementales et au changement climatique est inégale. En Île-de-France par exemple, des installations de traitement de déchets, tels que des incinérateurs, sont souvent implantées dans des quartiers avec un revenu moyen faible3. De même, les plus pauvres ont moins de possibilités pour s’adapter au changement climatique, ne serait-ce parce qu’ils ont un moindre accès aux espaces verts pour se rafraîchir en cas de canicule ou plus de difficultés à déménager en cas de  montée des eaux par exemple. Il est injuste que celleux qui contribuent le plus au dérèglement climatique et à la destruction de notre environnement puissent s’échapper des conséquences, par exemple en vivant dans des maisons climatisées dans des zones où les impacts du changement climatique sont moindres. Nous œuvrons pour une meilleure reconnaissance des inégalités environnementales qui devraient être prises en compte par les autorités publiques et nous nous battons contre toute forme d’inégalité environnementale à toutes les échelles. Les politiques environnementales menées par les pouvoirs publics doivent prendre en compte ces inégalités de responsabilités et ne peuvent plus se reposer uniquement sur des petits efforts consentis par chacun·e.

De surcroît, nous devons montrer la plus grande vigilance vis-à-vis des produits promettant d’avoir un moindre impact environnemental et climatique. Pour répondre à la prise de conscience de l’urgence climatique et environnementale, de plus en plus de produits ont été mis sur le marché qui promettent d’être bons pour la planète et pour l’humanité. Des aliments bio, les produits issus du commerce équitable, les véhicules électriques, la compensation carbone ont souvent un moindre impact environnemental et climatique et sont produits sous de meilleures conditions de travail, mais ils sont de loin trop chers pour la majorité de la population. Ainsi, ils sont uniquement accessibles aux plus aisé·e·s qui peuvent s’offrir le luxe des choix de consommations éthiques et environnementales. Pire, la promotion de ces produits véhicule l’idée qu’il faut appartenir à la classe moyenne, voire qu’il faut être riche pour sauver le monde. Même s’il est impératif de réduire l’impact de la consommation sur la planète et d’améliorer les conditions de production, cela ne peut pas passer par un peu plus de produits issus du commerce équitable dans les rayons de nos supermarchés. Cela doit passer par un changement systémique qui comprend l’aide aux démuni·e·s et une hausse considérable des standards sociaux et environnementaux.

Les Jeunes Écologistes luttent contre les inégalités et pour la justice climatique et environnementale. Puisque ces combats sont intimement liés, nous ne pouvons pas lutter contre l’urgence climatique sans lutter contre les inégalités sociales et vice-versa. Nous devons lutter contre les inégalités environnementales, notamment en faisant payer les plus aisé·e·s :

  • Les taxes sur le revenu et sur le capital doivent être plus progressives.
  • L’impôt sur la fortune doit être ré-instauré au plus vite.
  • Pour des secteurs de luxe, un « impôt climatique et environnemental » doit être instauré. La location, l’achat et l’entretien des yachts devraient par exemple être taxés lourdement en fonction de leur impact environnemental.
  • L’espace aérien français doit être interdit aux jets privés.
  • Les politiques environnementales et climatiques doivent être soumises à un examen rigoureux afin d’identifier leurs impacts potentiellement régressifs. Il faut éviter à tout prix que les plus démuni·e·s, déjà exploité·e·s par l’économie capitaliste, soient impacté·e·s de manière disproportionnée de ces politiques.
  • L’État doit utiliser les revenus générés par les mesures mentionnées ci-dessus afin de lutter contre les effets des inégalités environnementales sur les plus démuni·e·s. Ils doivent bénéficier des investissements étatiques permettant d’atténuer les impacts du changement climatique, de réduire les conséquences de la dégradation environnementale et de réduire la dépendance des énergies fossiles.

Urgence climatique, dégradation environnementale et inégalités économiques sont intimement liées. Luttons contre les trois à la fois, taxons les riches !

1: https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/621305/bn-carbon-inequality-2030-051121-en.pdf

2 : Gössling, Humpe (2020): « The global scale, distribution and growth of aviation: Implications for climate change » https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378020307779

3 : Ludosky & Toussaint (2020) : « Ensemble nous demandons justice. Pour en finir avec les violences environnementales »

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