Entretien avec Sabrina Sebaihi, candidate tête de liste de « Ivry Demain ma ville écologique et solidaire »

Pour cet épisode de notre Tour des Communes, on se rend à Ivry-sur-Seine, une ville du Val-de-Marne, située aux portes de Paris et qui compte plus de 70 000 habitant·e·s. Ce territoire est marqué par de nombreuses problématiques. Ici la bétonnisation va bon train ; on prévoit la reconstruction de l’incinérateur qui engloutit les déchets (enfin surtout ceux des Parisien·ne·s) ; les jeunes peinent à discerner un avenir. On y rencontre Sabrina Sabaihi (EELV), qui représente la tête de la liste écologiste pour les prochaines élections municipales.

Venue du monde scientifique elle s’est mise à la politique et s’y est investie désormais pleinement. Elle travaille notamment sur une question jusqu’alors peu abordée chez les écologistes : la sécurité. Dans cette ville, il s’agit de faire la démonstration de ce que peut être une véritable écologie populaire concrète, qui améliore notre quotidien, protège et ouvre le champ des possibles.

Les temps forts de notre entretien

– À propos de sa candidature

« Je me présente pour répondre à un espoir et à une attente. […] C’est aujourd’hui qu’on dessine la ville de demain. Je pense que c’est maintenant qu’il faut y aller, parce que dans 6 ans il sera trop tard. »

« L’échelon local c’est le plus important, car c’est la concrétisation des politiques publiques. Au niveau national on donne des impulsions, des orientations et des dotations. »

« On peut avoir des élus écolos dans un exécutif local, ce n’est pas pour autant qu’on avancera sur les questions écolos. Pour nous, il faut avoir un maire écologiste qui porte ses questions là et qui fait de l’écologie le cœur central de son projet politique. »

« Les citoyen·ne·s sont prêt·e·s, c’est les politiques qui manquent de courage. »

– À propos de son programme

Sabrina nous dévoile une partie du projet de ‘Ivry Demain’ qui est organisé autour de quatre pôles : la ville durable, la ville démocratique, la ville solidaire et la ville tremplin pour sa jeunesse.

« Au mois de juin, pendant la canicule toutes les écoles ont dû être fermées, car les écoles ne sont pas adaptées à cela. On ne plante pas d’arbre, comment créer des îlots de fraicheurs ? » Sabrina rappelle au passage qu’elle souhaite planter un arbre pour chaque naissance à Ivry, soit environ 4 000 arbres plantés sur six ans de mandat.

« Ce n’est pas parce qu’on habite à Ivry-sur-Seine qu’on ne peut pas prétendre à une qualité de vie et un bien-vivre dans sa ville. »

Après avoir évoqué la réhabilitation thermique des bâtiments pour lutter contre la fracture énergétique, Sabrina veut rappeler : « Les inégalités sociales et environnementales, c’est le même combat. »

– À propos de la sécurité :

« Quand j’ai eu la délégation à la prévention et sécurité on était que deux élu·e·s EELV à l’échelle de la France. […] On ne donne pas cette délégation naturellement aux écologistes. »

« Je pense que la gauche globalement a souffert pendant des années sur les questions de sécurité. J’ai le sentiment que plutôt que de proposer un projet elle n’a fait que répondre à celui de la droite et de l’extrême droite. Une course sécuritaire s’est mise en place, car la gauche ne proposait plus rien, on l’a vu avec M. Sarkozy, M. Valls et aujourd’hui sous le gouvernement Macron quand l’état d’urgence a été intégré au droit commun. »

Selon Sabrina, il y a « une course folle à la mise en place de la police municipale » ce qui est  « créateur d’une inégalité territoriale ». « Il faut être très vigilant sur la police municipale, leur mission et le rôle qu’on veut leur donner pour ne pas qu’elle remplace la police nationale. »

« Une politique sportive, culturelle, etc. tout ça contribue à la question de la prévention. »

À Ivry les médiateurs de rue travaillent en lien avec les établissements scolaires et abordent beaucoup de sujets tels que la discrimination, l’addiction, le rapport fille-garçon, la prévention routière.

Il y a aussi « des marches exploratoires menées par des femmes pour faire un diagnostic de leur quartier, proposer des aménagements pour lutter contre le sentiment d’insécurité. […] Le maire a le pouvoir de travailler sur ça ».

Comment construire une ville où tout le monde trouve sa place ? Mobilité, logement, aménagement du territoire, il doit y avoir une transversalité dans les politiques publiques : « Isolation sonore pour éviter les conflits de voisinage, des espaces publics de qualité pour apaiser un quartier et faire de l’intergénérationnel, zones de rencontre pour les piétons, cyclistes, etc. ». Et ce travail doit être fait en lien avec tous les acteurs : « les bailleurs, le commissariat, l’éducation nationale, etc ».

« On fait le choix de l’humain », comme c’est le cas avec les agents de surveillance de la voie publique (ASVP) et les gardiens de parc qui sont des agents de proximité.

– À propos de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine

Comme pour Notre-Dame-des-Landes et Europa City, la reconstruction de cet incinérateur est « un grand projet inutile et imposé ».

« L’incinérateur d’Ivry brule la moitié des déchets de Parisien. […] Si on met en place une politique ambitieuse en matière de réduction des déchets, cet incinérateur on n’a pas besoin de le reconstruire. » Le coût de la reconstruction s’élèverait à 2 milliards d’euros environ.

« Plus de 2 000 particules s’échappent de ces cheminées, il n’y en a que 20 qui sont reglementées. […] Le territoire est déjà pollué avec le périphérique, l’autoroute et cet incinérateur. »

« Il y a eu une consultation, il y a eu 2 000 contributions et 21 favorables à cette reconstructionLe maire était favorable à cette reconstruction. » Sabrina note au passage qu’une ressourcerie pourrait créer plus d’emploi que la reconstruction de l’incinérateur.

« Un maire qui s’oppose à un grand projet sur sa ville peut créer un rapport de force avec l’État. »

Dans ce podcast on aborde aussi la question de l’écologie dans les banlieues et la relation d’Ivry-sur-Seine avec la Métropole. Le podcast se conclu par la visite de la ZAC Ivry Confluence en la présence de Mme Sabrina Sebaihi.

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