Un grand débat sur la transition énergétique réunissant les mouvements politiques de jeunesse de gauche comme de droite et des représentant/es de la société civile. Un appel pour « des choix, pas du blabla ! » sur un sujet qui touche autant à l’environnement, la souveraineté énergétique et l’aménagement du territoire, qu’aux emplois, technologies et modes de production de demain. Des positions parfois communes, parfois divergentes entre les six mouvements présents.
C’était le samedi 1er juin 2013 à Paris à l’initiative des Jeunes Ecologistes.
Retrouvez les 9 tweets qui ont rythmé ce débat inédit.
1 | Sophia Majnoni (Greenpeace) : « 1 emploi dans le nucléaire = 4 dans le renouvelable »
On reconnait que le débat sur la transition énergétique se déroule lors d’un moment charnière à deux signes. Lorsque toutes les options sont sur la table alors que le contexte économique est contraint, c’est le signe que la transition énergétique est envisagée comme une opportunité pour améliorer son économie. Paradoxalement, le second signe du moment charnière est que le terme « transition énergétique » est mis à toutes les sauces et tend à perdre de son sens et de sa pertinence.
Pour Sophie Majnoni, directrice de campagne de Greenpeace France, la seule question à se poser pour lever ce paradoxe est de savoir comment cette transition devient bénéfique en terme économique (prix de l’énergie par exemple) et en terme d’emplois (où créer les emplois, comment les faire évoluer).
La réponse de Greenpeace est, puisque un emploi dans le nucléaire équivaut à quatre emplois dans le renouvelable, ce sont 600 000 emplois directs et indirects que la transition énergétique pourrait créer. Pour poursuivre ce cap, Greenpeace souhaite le développement des filières renouvelables et des systèmes de production de chaleur renouvelables tels que le solaire pour l’eau chaude sanitaire ou la géothermie, et la biomasse pour le chauffage des logements et des bâtiments de service. Bien sûr, tout en sortant du nucléaire et des énergies fossiles dès 2031. Sans oublier la maitrise de la demande énergétique comme solution à la hausse incontournable de la facture énergétique du pays et des consommateurs.
2 | Gaz de schiste : to be or not to be ?
Si tous les mouvements de jeunesse s’accordent sur la nécessité de réduire la dépendance aux énergies fossiles pour des raisons économiques, environnementales ou géopolitiques, la question de l’exploitation et/ou de l’exploration du gaz de schiste n’a pas fait la même unanimité.
Aucune surprise des mouvements de gauche : les Jeunes Ecologistes, le Jeunes Socialistes, les Jeunes Radicaux de gauche et les Jeunes du Parti de Gauche s’opposent à toute exploration, recherche et exploitation.
Côté mouvements de droite, les gaz et huiles de schistes doivent pour l’instant être interdits pour des raisons sanitaires. Mais, le principe de précaution « ne devant pas être l’alpha et l’oméga de la politique », les Jeunes Pop’ et les Jeunes Forces Démocrates UDI se disent favorables à la recherche sur cette technologie.
3 | Transition ou révolution énergétique ? Derrière les mots, la méthode.
Qui aurait cru que les Jeunes Pop’ et les Jeunes du Parti de Gauche pouvaient s’entendre ? Pourtant, en parlant de « planification énergétique », les Jeunes de l’UMP ont fait consensus sur la nécessité de programmer et avancer progressivement dans la transition énergétique.
Leur souhait : utiliser l’intelligence dans les nouvelles technologies et l’innovation pour avoir une consommation raisonnable et amener un changement progressif de modèle énergétique.
Les Jeunes du PG, favorables à la planification énergétique (et écologique), ont insisté sur le besoin de démocratie. « Ce n’est pas un retour au Gosplan. La transition énergétique se fera de manière démocratique », notamment en installant des parlements énergétiques dans lesquels les citoyens, les élus, les entreprises discuteraient ensemble du schéma territorial d’implantation des énergies renouvelables, comme dans le domaine de la gestion de l’eau en place depuis les années 1960.
Reste que, pour les Jeunes Ecologistes, la transition énergétique est une révolution tant son ampleur est sans équivalent.
En changeant en profondeur les modes de vie, le quotidien et les schémas de pensées, la révolution énergétique crée une nouvelle ligne de rupture politique entre les mouvements qui acceptent de revoir les modes de vie (transport, production, consommation) et ceux qui veulent seulement accommoder les modes de vie actuels.
4 | Ivan Pascaud (REFEDD) : « La transition énergétique fait consensus dans notre génération »
Réunissant plus d’une centaine d’associations étudiantes, le Réseau Français des Etudiants pour le Développement Durable (REFEDD) est le réseau de promotion du développement durable pour et par les étudiants.
Le REFEDD a souhaité prendre part au Débat National sur la Transition Energétique en organisant 40 conférences de formation par/pour les étudiants, une consultation de plus de 1 700 réponses et la rédaction d’un livre blanc remis à la Ministre de l’Environnement le 20 juin 20013.
Selon Ivan Pascaud, président du Réseau, si notre génération se rassemble sur la transition énergétique, c’est surtout parce qu’elle a assimilé les deux enjeux propres au 21e siècle : l’interconnexion qui mène à l’interdépendance et la contrainte environnementale qui plafonne nos possibilités dans un même espace.
Pour engager ce « combat important qui dépasse tous les clivages de notre génération » et amener une transition viable et durable, le REFEDD propose cinq principes à porter :
1. Favoriser le temps long plutôt que le présent afin de ne pas altérer les chances des générations futures ;
2. Repenser la mobilité, en privilégiant notamment le coworking;
3. Développer l’économie circulaire, qui amène à penser qu’il n’y a pas de déchets et que tout est réutilisable;
4. Favoriser la sobriété, en pénalisant le superflu et en retournant vers l’essentiel;
5. Faire un grand débat national sur l’éducation au développement durable, parce que c’est la jeune génération qui subit et subira les conséquences des choix qui ont été et sont faits.
5 | Sortie ou non du nucléaire ? Attention, ça chauffe !
Les divergences ont été marquantes sur le nucléaire entre ceux qui voulaient sa sortie plus ou moins rapidement (Jeunes Ecologistes, Jeunes Parti Gauche et Jeunes Socialistes) et ceux qui n’en voulaient pas (Jeunes Pop’, Jeunes UDI) .
Entre mouvements pro-sortie du nucléaire, le consensus s’est établi autour de trois principes :
1. La sortie à plus ou moins 20 ans du nucléaire, avec la fermeture progressive des centrales selon leurs âges, à commencer par Fessenheim. Que ce soit pour des raisons d’emploi, environnementales ou démocratiques, le nucléaire doit disparaitre.
2. Améliorer la sureté dans les centrales, parce que la technologie reste dangereuse. L’Histoire nous l’a montré à Fukushima.
3. Faire en sorte que cette transition énergétique passe d’un modèle centralisé à un modèle décentralisé, avec un volet démocratique important. L’enjeu est que les citoyens au niveau local reprennent la main sur ce qu’ils souhaitent en matière de réseaux d’énergie, sans qu’il y ait de différences de coûts pour le consommateur en fonction des territoires.
Quant aux Jeunes Pop’ et Jeunes UDI, les positions ont avancé dans un sens antagoniste : selon les deux mouvements, la sortie du nucléaire est une erreur car elle serait synonyme de suppression de plus de 125 000 emplois directs et cette énergie permet l’accès à une électricité de bon marché, ce qui lutte contre la précarité énergétique. De plus, avec cette énergie, la France dispose d’une électricité décarbonnée. La recherche doit donc être au centre de la politique énergétique pour à la fois développer de nouvelles générations de réacteurs nucléaires et ne pas évincer le potentiel que représentent les énergies renouvelables.
6 | « Notre génération peut vivre avec 2% de déficit en plus, pas avec 2 degrés de plus »
La politique énergétique influence tous les secteurs d’activité. C’est un fait. Mais, quand la contrainte économique s’en mêle, est-ce que la transition énergétique garde une place ?
Pour les Jeunes Pop’, la transition énergétique doit se faire dans le cadre d’un libre échange qui respecte l’innovation écologique et la planification des politiques. L’Etat doit faire de l’entreprenariat une pièce maitresse de cette transition, notamment en incitant les jeunes à mettre leur créativité au service de l’économie.
En revanche, pour les Jeunes Ecologistes, les Jeunes Socialistes et les Jeunes du Parti de Gauche, les politiques d’austérité actuelles ne sont pas conciliables avec la transition énergétique. L’objectif de réduction drastique des déficits conduit les Etats à ne pas trouver les marges de manœuvre pour investir de la transition énergétique, alors qu’elle serait synonyme d’emplois nouveaux et durables.
7 | Et l’Europe dans tout ça ?
La bataille se déroule actuellement au sein de l’Union Européenne, que ce soit pour décider d’un budget en hausse et orientée vers la transition énergétique. C’est le point de vue de l’ensemble des mouvements. Car l’Union Européenne doit être moteur dans ce domaine tant les enjeux dépassent les frontière. Tous espèrent que le COP en 2015 à Paris sera ce moment d’ambitions communes.
Seules les questions sur le financement de la transition énergétique amènent les mouvements à des positions différentes.
Si les Jeunes Radicaux de Gauche et les Jeunes UDI avancent l’idée d’une taxe carbone européenne sur les produits importés équivalent au coût de transports, les Jeunes Ecologistes et les Jeunes du Parti de Gauche souhaitent une politique plus ambitieuse : une véritable fiscalité sur les transactions financières permettant de financer la transition énergétique complétée par un protectionnisme social et environnemental aux frontières de l’Union Européenne.
8 | Bruno Rebelle (DNTE) : « La transition énergétique n’accepte pas le dogmatisme ! »
Ce débat a pu compter parmi ses intervenants Bruno Rebelle, membre du comité de pilotage du Débat National sur Transition Énergétique, qui a pu mettre en perspective son expertise par rapport aux éléments de éléments de débats.
Le premier point sur lequel Bruno Rebelle insiste, c’est que la transition énergétique doit être rendu désirable. Et elle l’est ! Lors de la consultation du 25 mai 2013, organisée par le Ministère dans quatorze régions, une des conclusions est que 70% des citoyens veulent d’une transition énergétique, qui soit une sortie de crise pour les territoires et générateur d’innovation.
A travers plus de 800 débats dans toute la France, les citoyens se sentent impliquées et porteurs d’idées nouvelles… Or, le sentiment de Bruno Rebelle est que les député/es n’ont pas conscience de cette dynamique, voire dénient l’intérêt d’un débat de l’ampleur de ce qui est mené aujourd’hui.
C’est pourquoi, il a souhaité répondre à l’invitation de ce débat : pour lui, la transition, ce sont les jeunes. Par leur créativité. Par leur détermination. Par leur avenir. Les consciences doivent bouger, sinon, la société en restera au niveau du « blabla ».
Selon Bruno Rebelle, si la transition énergétique est nécessaire pour des raisons de changement climatique, qu’elle est économiquement possible et socialement intéressante, c’est surtout les conditions de sa réussite qui doivent être mise en avant : garantir la stabilité du secteur énergétique, promouvoir une visibilité sur le long terme et ne pas être dogmatique! Ce dont la transition énergétique a besoin pour réussir, c’est des « 4D ».
Diversification. Un modèle énergétique répondant aux enjeux actuels et futurs ne pourra fonctionner que s’il fait la part belle au mix énergétique et à la profusion de différentes technologies complémentaires les unes aux autres.
Déconcentration. La transition énergétique ne peut pas se faire sans amener l’Etat à changer sa structure. Il doit laisser davantage de pouvoir aux autres acteurs énergétiques.
Décentralisation. Redonner la pouvoir aux acteurs locaux est essentiel dans la transition énergétique, parce que l’énergie s’incarne dans les territoires.
Dialogue. Fixer la trajectoire sans dogmatisme, par un dalogue permanent est l’enjeu vital de la transition énergétique. Il serait néfaste de fixer une trajectoire pour 2050 et de ne pas la réviser au fur et à mesure. Car les conditions changent, il faut cibler les efforts des acteurs de manière pragmatique selon leurs besoins.
9 | Conclusion : « Nous sommes en avances sur nos ainés. Bougeons-les ! »
Si le débat a pu rendre compte des divergences et convergences entre les six mouvements politiques de jeunesses présents pour l’occasion, il a surtout montrer que toutes les sensibilités politiques se sont appropriées la question de la transition énergétique. C’est rassurant que ce thème ne soit plus la chasse gardée des écologistes.
Ce qui a conduit tous les mouvements à comprendre que les jeunes sont en avance sur les ainés sur la transition énergétique. Un peu moins conservateur, plus ouvert sur la question, chaque mouvement de jeunesse sait se différentier de leur ainés sur ces questions. C’est la preuve que la transition énergétique est un domaine dans lequel les jeunes ont toute leur place pour apporter leurs visions et leurs idées.
Plus que les jeunes politiques, il est clair que les citoyens sont clairement en avance par rapport aux politiques et aux institutionnels. La majorité des Français qui ont participé au débat organisé par le Ministère voit la transition énergétique comme une opportunité pour leur territoire et se déclarent prêts à faire des efforts sans que les coûts ne leur apparaissent rédhibitoires.
Une force citoyenne que tous les mouvements politiques de jeunesse espèrent très importante pour orienter la prochaine conférence sur le climat en 2015 à Paris vers un consensus mondial pour la transition énergétique. Il en va de l’avenir de notre génération.
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