Deux ans après la catastrophe de Fukushima, les Jeunes Écologistes appellent politiques et citoyens à profiter du débat sur la transition énergétique organisé par le gouvernement pour définir la place du nucléaire en France.

Tribune de Wandrille Jumeaux et Lucile Koch-Schlund, secrétaires fédéraux des Jeunes Ecologistes, publié sur Médiapart le lundi 11 mars 2013.

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Il y a deux ans jour pour jour, le 11 mars 2011, un important séisme à l’est du Japon provoquait l’accident nucléaire de Fukushima, nouvelle catastrophe nucléaire d’importance après celle de Tchernobyl en 1986.

L’année dernière, le 11mars 2012, notre mouvement était à l’initiative de Génération Fukushima, un collectif d’organisations de jeunesse qui interpellait pour l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle sur les enjeux de la transition énergétique.
Dénonçant le fardeau énergétique dont nous héritions, notre appel expliquait que « si notre génération n’a pas choisi le nucléaire, elle peut aujourd’hui faire le choix d’en sortir! ».

Aujourd’hui, 11 mars 2013, alors que nous commémorons la catastrophe japonaise et que la Chaîne humaine du 9 mars a réuni 20 000 personnes à Paris, nous appelons l’ensemble des acteurs politiques et citoyens à saisir l’opportunité historique que représente le débat national sur la transition énergétique pour enfin discuter du nucléaire et de la politique énergétique de notre pays.

Ce débat, organisé par le ministère de l’Écologie, est bel et bien historique, car cela fait quarante ans maintenant que les écologistes demandent un débat national sur l’énergie. Quarante ans d’opposition au nucléaire civil et militaire, quarante ans de vigilance sur les risques liés à cette technologie, d’alertes sur l’épuisement des ressources fossiles et le changement climatique, quarante ans enfin d’appel au développement des énergies renouvelables et à un important effort d’efficacité énergétique.

Même si nous n’avons pas pu, du fait de notre âge, participer à ces décennies de lutte, les Jeunes Écologistes réalisent la victoire que constitue l’organisation d’un débat qui doit permettre aux citoyen-ne-s français-es, pour la première fois de leur histoire, de s’informer, de débattre et de s’exprimer sur ce que doit être la politique énergétique de notre pays.

Ce débat historique est aussi stratégique, ce à plusieurs titres.

D’abord parce qu’il doit déboucher sur un projet de loi de programmation à l’automne prochain, texte qui fixera les grandes lignes de la politique énergétique française pour les trente prochaines années.

Ensuite parce qu’il est global. Place du nucléaire et des énergies renouvelables dans la production, efficacité et sobriété pour lutter contre le gaspillage et la précarité énergétique, décentralisation et distribution, investissements futurs, impacts sur l’emploi, les transports ou l’agriculture, dimension européenne… même si toutes les options ne sont pas sur la table, le gouvernement a eu le courage d’aborder les questions énergétiques de façon large, en incluant le nucléaire, même s’il ne représente que 17% de la consommation finale d’énergie.

Enfin, le calendrier est éminemment stratégique sur le volet nucléaire, puisque la majorité des réacteurs nucléaires français vont atteindre leurs trente ans de fonctionnement avant la fin du mandat. L’hypothèse du prolongement de leur durée de vie étant coûteuse (rapport Besson de février 212) et risquée (au niveau mondial, moins de 10 réacteurs dépassent les 40 ans), et celle de la construction de nouvelles centrales complètement caduques (compte tenu des délais de construction), se pose pour la première fois la question de leur fermeture progressive, dans la foulée de celle de Fessenheim, prévue fin 2016.

Le président de la République ne s’est pas trompé, en fixant, lors de la conférence environnementale du 14 septembre 2012, le cap pour notre pays : faire de la France la nation de l’excellence environnementale, en s’engageant clairement dans la transition énergétique, fondée sur la sobriété et l’efficacité, ainsi que sur la décentralisation et le développement des énergies renouvelables. Nous espérons maintenant que les actes du gouvernement seront à la hauteur des mots du chef de l’État.

En raison des enjeux économiques, politiques et environnementaux liés au débat national sur la transition énergétique, les Jeunes Ecologistes appellent l’ensemble des acteurs publics à se mobiliser sur le sujet, pour engager la France et l’Europe dans ce virage crucial en matière de politique énergétique.
Persuadé que la transition est une issue à la crise que nous traversons, notre mouvement prendra toute sa place dans ce débat en proposant une vision ambitieuse de la transition, à travers sa campagne Révolution énergétique !

Wandrille JUMEAUX et Lucile KOCH-SCHLUND
Secrétaire fédéraux des Jeunes Écologistes

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