Adieu l’écotaxe ? Ségolène Royal a annoncé la suspension sine die du péage poids lourds, qui devait initialement être mis en place en janvier 2015. Lucas Nédélec et Laura Chatel, secrétaires fédéraux des Jeunes écologistes, sont furieux : ils voient dans cet abandon un signal très négatif pour les générations futures.

Il y a quelques jours, Ségolène Royal annonçait le report « sine die » de la taxe poids lourds. Autrement dit, un enterrement de première classe pour ce dispositif issu du Grenelle de l’environnement, dont la portée n’avait cessé d’être diminuée depuis lors.
À première vue, cet abandon ne représente rien de bien exceptionnel dans les remous de l’actualité médiatique : la presse expliquera que les lobbies des transporteurs se félicitent, que les Bonnets rouges ont gagné et que les écologistes sont furieux.

L’État renonce à défendre une fiscalité écologique
Furieux, nous le sommes, en tant que représentants du mouvement de jeunesse de l’écologie politique.
D’abord, parce que ce dispositif part d’un principe simple : qui pollue paye. Avec l’application de l’écotaxe, les transporteurs de marchandises paieraient pour le coût réel de leur activité, notamment l’entretien des routes. Surtout, l’écotaxe permettrait d’engager une révolution fiscale et sociétale, en poussant les transporteurs à rationaliser leurs déplacements, tout en finançant des projets de transports soutenables, alternatifs à la logique du tout-camion.
Notre indignation face à l’enterrement de l’écotaxe n’est donc pas qu’une question de principe ou d’affichage politique, mais de justice sociale et de protection de l’environnement. Ce qui nous désole, c’est tout simplement que le gouvernement vient de renoncer à poser la première pierre d’une fiscalité écologique, et donc d’un modèle de société qui prenne en compte les limites de notre planète.

La France est empêtrée dans ses conservatismes
Furieux, nous le sommes, parce que nous pensons aux 122 projets de transports collectifs qui ne pourront pas être financés et aux milliers d’emplois qu’ils allaient créer. Parce que nous pensons aussi aux 330 personnes travaillant pour le dispositif, victimes des renoncements successifs et qui pèsent apparemment moins lourd dans la balance politique que ceux de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Furieux, nous le sommes, parce qu’il est triste que le gouvernement de ce pays soit incapable d’anticiper l’avenir, incapable de penser au long terme, à quelques mois d’un sommet crucial sur le climat à Paris. Alors que nombre de nos voisins européens se sont dotés de dispositifs similaires mettant à contribution les poids-lourds, la France prend encore du retard dans la transition écologique, empêtrée dans ses conservatismes.
Furieux, nous le sommes, parce que l’écologie punitive, c’est celle que ce gouvernement est en train de mettre en place : une politique écologique sans cap, sans moyens, sans ambition… Une véritable punition pour les générations futures.

 

Lire la tribune sur le site du Nouvel Obs

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