Alors que la conférence environnementale de Paris – la COP 21 – arrive à grand pas, les jeunes écologistes s’inquiètent de voir les grands partis se concentrer sur le taux de croissance de la France, plutôt que sur les enjeux écologiques indispensables à cette même croissance économique.
[La croissance économique est une imposture]
Nous, jeunes écolos, dénonçons cette posture consistant à attendre la croissance comme un messie censé régler tous nos soucis économiques : lutte contre les inégalités, baisse du chômage, remontée de l’euro, augmentation du pouvoir d’achat. Et plus elle se fait désirer, plus les pouvoirs publics cassent nos acquis sociaux pour mieux déréguler l’économie. De la sorte, les riches deviennent de plus en plus riches, tandis que les classes moyennes – en passe d’être paupérisées – considèrent les classes inférieurs comme des profiteurs, et stigmatisent les soi-disant fraudes aux prestations sociales sans s’intéresser à l’évasion fiscale, pourtant 100 fois plus importante. Seule la croissance importe, et tant pis pour les normes environnementales, la protection du consommateur et la solidarité, qu’importe notre avenir sacrifié, puisqu’il faut produire, consommer et exporter toujours plus vite, toujours plus loin.
Et nous, simples citoyens, spectateurs de cette comédie politico-financière, devrions tomber dans le panneau. Les vieilles rustines de la politique économique capitaliste devraient nous paraître des politiques audacieuses et innovantes, promptes à guérir tous les maux de la société et du marché, nonobstant la lutte contre le réchauffement climatique. Explosion de la prévalence des maladies chroniques, hausse vertigineuse des cas de cancers, pics de pollutions constants, crises sanitaires, risques de pénuries de matières premières, instabilité géopolitique voila ce qui se produit déjà et n’ira qu’en s’accroissant au fur et à mesure que nous continuerons à sacraliser la croissance au détriment de toute autre considération.
[L’urgence climatique doit primer sur toute autre considération]
En effet, il n’est plus temps de nous faire des illusions. La croissance ne reviendra pas dans un système où notre avenir est sacrifié sur l’autel des profits immédiats. Les générations futures comptent sur nous pour leur léguer une Terre habitable, un monde où la société et son environnement ne vivent pas l’un malgré l’autre, mais l’un avec l’autre. Il y a 40 ans, les prédictions du GIEC (groupe international des experts sur le climat) étaient considérées comme des extrapolations infondées scientifiquement, tandis qu’aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute que nous fonçons droit dans le mur, et qu’au nom de la croissance, les multinationales voudraient que nous accélérions.
Pourtant, au lieu de revenir à plus de sobriété, au lieu de se reconnecter avec la nature, la commission européenne autorise la commercialisation d’une vingtaine de semences OGM en Europe, les agriculteurs refusant de déverser des pesticides sur leurs champs sont condamnés en justice, les industries agro-alimentaires bourrent d’antibiotiques nos élevages de poules alsaciens pour qu’elles survivent à leur vie de claustration, nous allons vers toujours plus de monoculture de maïs dans notre plaine et le gouvernement recule sur l’écotaxe, permettant au transport routier de perdurer au lieu de rechercher des alternatives durables.
[Des alternatives existent, discutons en ensemble]
Et si nous prenions enfin le temps de regarder la vérité en face? Nous vivons l’oeil collés sur des tableaux, nostalgiques d’une époque révolue où nous pouvions polluer et gaspiller sans réfléchir, puisque l’abondance était là. Mais désormais, la croissance n’a plus prise sur nos sociétés, et chaque pourcentage espéré entraîne sacrifices inutiles, gaspillage des ressources et aliénation de l’être humain…
Arrêtons les frais ! Réfléchissons à une société post-croissance, une société plus sobre en énergie, une société qui ne rend malade ni nos enfants, ni la planète, ni nous-même. Mettons en place des indicateurs autres que la croissance ! Prenons à bras le corps l’économie sociale et solidaire, relocalisons les lieux de production et de consommation pour éviter les trajets inutiles, faisons payer les pollueurs et non les victimes ! Redynamisons les territoires ruraux et encourageons une agriculture diversifiée dont le but premier est de nourrir les populations sur place ! Avec ces pistes c’est au final plus d’emploi, et plus de sens dans notre société. Les jeunes écologistes réfléchissent, prennent position et agissent sur ces thématiques car des alternatives viables existent déjà ailleurs, ayons le courage de les promouvoir. Une autre société est non seulement possible, elle est désirable ! Soyons le changement que nous voulons voir et n’oublions pas de rêver car l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain !
Nous vous invitons à discuter ensemble de ces alternatives à la conférence « Santé, pollution, transport : quelle équation ? » organisée le samedi 30 mai à 11h au Foyer de l’étudiant catholique. Et n’oubliez pas, les 27 et 28 juin à Strasbourg, le festival Alternatiba proposera des alternatives concrètes et immédiatement applicables pour nous diriger vers une société où bonheur ne rime pas avec croissance.