Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le président de la République a déclaré l’état d’urgence, renouvelé pour 3 mois 10 jours plus tard par adoption de l’Assemblée Nationale. Derrière ces termes alarmistes se cache une réalité sombre pour notre République. Depuis sa mise en place, ce dispositif a fait preuve d’une efficacité très relative quant à l’interpellation de terroristes par rapport à la situation post-attentats de janvier. Pire, les efforts des forces de l’ordre (police, gendarmerie, armée) pour renforcer la sécurité sur le territoire français riment davantage avec répression des mouvements de contestation liés à la défense du bien commun (écologistes, syndicalistes, citoyen-ne-s engagé-e-s, ONG) qu’à une lutte contre le terrorisme. L’état d’urgence a fait de chacun de nous un suspect potentiel, un terroriste présumé.

Ciblé-e-s lors de différents évènements pacifiques (marche mondiale pour le climat, D12 et rassemblements non-violents) les Jeunes Écologistes ne peuvent que dénoncer fermement les actions du gouvernement. La modification de la constitution, la déchéance de nationalité, les appels à « la guerre » ne sont que des écrans de fumée pour cacher l’innommable réalité : au nom de la sécurité, tout peut être sacrifié – et en premier lieu nos libertés à remettre en cause les décisions du gouvernement et à proposer des alternatives. Où sont les contres pouvoirs lorsque l’état d’urgence bientôt permanent permet le contrôle des medias, des communications et l’interdiction des manifestations par le pouvoir en place ?

La sécurité, se définit étymologiquement comme la tranquillité d’esprit, un sentiment de bien-être et de confort. Elle est désormais assimilée à la peur. On nous fait croire que le choix entre sécurité et liberté(s) est simple – mais nous n’avons pas à choisir tant les deux sont liées ! On ne se bat pas contre la violence en en faisant usage, tout comme on ne défend pas la liberté en la suspendant. L’état d’urgence n’est que le triste témoignage du manque de vue a long terme et de l’impuissance de nos dirigeants face au terrorisme. Un discours ferme, juste et mettant en place l’organisation de la convivialité aurait dû voir le jour là où seules la violence policière, la suractivité médiatique et les manœuvres électoralistes ont eu droit de citer.

Dans ces heures sombres, il importe d’autant plus que les citoyen-ne-s exercent leurs libertés politiques et usent de leur capacité à agir face aux obscurantismes par la défense du bien commun et nos libertés, là où l’état d’urgence ne fait que les brider. Il ne s’agit pas d’occulter le fait que d’autres attentats auront lieu – et l’inscription de l’état d’urgence dans la constitution n’y changera d’ailleurs pas grand chose – mais bien de réfléchir à des solutions sur le long terme pour apporter des réponses efficaces aux causes de cette violence Il s’agira ensuite de mettre en place ces solutions sans plus tarder.

La lutte contre les terroristes est une course d’endurance, pas un sprint qui effraie les citoyen-ne-s, épuise les forces de l’ordre et affaiblit les services de renseignement. L’état d’urgence est dangereux pour nos libertés mais aussi pour notre sécurité.

Les Jeunes Écologistes réclament :

– l’abandon immédiat des assignations à résidence arbitraires

– une indemnisation des victimes des perquisitions et assignations à résidence abusives ayant eu lieu

– la levée de l’état d’urgence et le rejet de sa constitutionnalisation

– l’abandon du projet d’extension de la déchéance de nationalité et de l’indignité nationale

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