Une refondation de l’École nécessaire
Les orientations prises par le nouveau gouvernement semblent enfin vouloir faire sortir l’éducation de l’utilitarisme économique et de la compétition, qui défavorise les élèves issus des catégories sociales les moins aisées. Le ministre l’a rappelé, l’École, si elle prépare à l’insertion professionnelle, est également le lieu de l’émancipation intellectuelle des individus et de la formation des citoyens. Les Jeunes Écologistes partagent le constat de la nécessité d’une refondation du système éducatif ; c’est pourquoi nous espérons que la loi d’orientation à venir ne se contentera pas de quelques ajustements de surface.
En outre, il est nécessaire de mener une réflexion sur une refondation de l’Enseignement supérieur : en effet, les inégalités et les difficultés liées au système éducatif ne s’arrêtent pas au niveau du baccalauréat.
Nous aspirons à un système éducatif qui offre à tous la possibilité de s’épanouir et de réussir, qui apprenne à vivre ensemble et à s’engager dans la société. Les Jeunes Écologistes appellent donc à une véritable transformation de notre École et de notre Enseignement supérieur, pour permettre aux générations futures de répondre aux défis d’un XXIe siècle solidaire, humaniste et écologiste.
Cette refondation de l’école passe selon les Jeunes Écologistes par cinq axes programmatiques, points de départ d’une réflexion plus approfondie.
1. Refonder la pédagogie pour ne plus exclure
Si l’École doit offrir à tous un socle de connaissances fondamentales, il est indispensable de faire évoluer les méthodes d’apprentissage scolaire, qui confinent souvent à l’accumulation d’un savoir encyclopédique. Le système éducatif doit favoriser l’émancipation intellectuelle et l’autonomie, pour que tous réussissent leur intégration sociale, citoyenne et professionnelle. Il doit valoriser et favoriser la mobilisation de tous les savoirs et compétences, sans se limiter à la connaissance académique.
Face au constat d’un système éducatif rigide, il est nécessaire de repenser la pédagogie. Il faut en finir avec les notes-sanctions, au profit d’une évaluation qui encourage et assure un suivi des progrès.
Les méthodes d’apprentissage scolaire doivent intégrer une dimension collaborative, afin que chaque élève puisse être intégré au travail de la classe. De plus, une réelle prise en compte des élèves en difficulté scolaire ou dans une situation de handicap pouvant mener à des difficultés d’apprentissage est nécessaire, et ce par l’adaptation des méthodes d’apprentissage à leurs besoins.
Enfin, des méthodes pédagogiques alternatives et participatives permettront à toutes et tous d’apprendre à mener un projet, à prendre la parole, exprimer ses opinions et à chacun, quelle que soit son profil, son origine sociale et ses capacités d’apprentissage, de pouvoir se sentir légitime dans son engagement citoyen.
2. Éliminer la sélection sociale et la compétition scolaire
Sous couvert d’égalité républicaine, le système éducatif actuel favorise avant tout les plus privilégiés, socialement et culturellement. Il faut donc repenser l’orientation et revoir le système de filières, qui crée une hiérarchie entre les formations. Cela passe par une réflexion quant au rapprochement entre les filières générales, technologiques et professionnelles. Il en va de même pour l’enseignement supérieur, qui doit opérer un rapprochement entre ses différentes composantes. L’équité de traitement entre les établissements est également une condition pour en finir avec la ségrégation scolaire.
Afin de mieux aider celles et ceux qui sont les plus éloignés de la culture scolaire, un véritable accompagnement personnalisé, tant pour les élèves que pour leurs parents, doit être mis en place.
De même, une attention spécifique portée à l’intégration des personnes handicapées dans les milieux scolaires et universitaires ordinaires, permettra de mettre fin aux discriminations qui les touchent.
Aujourd’hui, le niveau de qualification obtenu en sortie de système scolaire reste souvent déterminant dans la réussite sociale et professionnelle : ainsi, faciliter les possibilités de retour au sein du système éducatif ou universitaire et développer les aides financières aux personnes souhaitant reprendre leurs études sont des outils indispensables pour offrir à toutes et tous une seconde chance.
3. Ouvrir l’École au monde
Le système éducatif doit ouvrir des portes vers le monde qui nous entoure, en faisant intervenir des personnalités extérieures au sein de l’École et en multipliant les possibilités de découverte des entreprises et des milieux associatifs et culturels.
Dans un monde qui change sans cesse, personne ne peut prédire quels seront les métiers de demain. C’est pourquoi l’École, comme l’enseignement supérieur, a certes pour mission de former à des savoir-faire, mais surtout de favoriser la stimulation intellectuelle et la prise d’initiative individuelle et collective.
Le développement des technologies numériques ouvre de nouvelles perspectives, et peut être l’un des outils du développement de nouvelles pédagogies. Par ailleurs, former les élèves à leur usage et à leurs enjeux permettra aux futurs citoyens de ne pas être de simples consommateurs dépendants, mais les acteurs d’un monde numérique démocratique.
D’autre part, l’apprentissage et la pratique des langues étrangères et locales doit être favorisé : à l’heure de la mondialisation, la maîtrise des langues étrangères est un atout indispensable, et les langues régionales sont un patrimoine immatériel qu’il est nécessaire de préserver et de faire vivre.
4. Réformer le fonctionnement de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur
Si la refonte de notre système éducatif demande des moyens supplémentaires, elle ne doit pas nous empêcher de repenser l’organisation administrative de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur. Il faut en finir avec les logiques technocratiques, rendre plus démocratique et participatif son fonctionnement, afin de favoriser les initiatives locales, la collaboration et l’expérimentation.
La formation des enseignants et des personnels d’accompagnement doit notamment être revue : leur formation pédagogique, initiale et continue, doit être adaptée aux nouvelles pédagogies et la formation pratique doit y être renforcée.
5. Impliquer l’ensemble de la société dans la refondation du système éducatif.
Refonder notre système scolaire ne pourra se faire sans l’ensemble de la société. Le changement ne pourra pas être décrété par le gouvernement seul, alors même qu’aujourd’hui l’École est déjà l’affaire de tous.
Il faudra mener une réflexion approfondie sur le rôle des collectivités territoriales dans le système éducatif et impliquer ces dernières dans les projets de refondation. De même, les organisations de la société civile doivent pouvoir contribuer et être associées aux projets de l’Éducation nationale, en particulier les associations d’éducation populaire qui font souvent un travail précieux d’éducation et de formation citoyenne.
L’école étant un miroir de la société, nous ne pourrons refonder l’École qu’en allant vers une société plus juste et plus respectueuse des êtres humains et de leur environnement.
C’est pourquoi les Jeunes Écologistes continueront de participer au débat pour la refondation de notre système pédagogique en faisant des propositions concrètes à partir de ces cinq axes programmatiques.