De nos jours en France, un fait semble incontestable : la jeunesse est blasée par la politique. Alors que seul.e un.e jeune sur vingt-cinq est adhérent.e ou militant.e dans une organisation politique, l’abstention atteint des sommets chez les 18-25 ans. De nombreux.ses observateur.trice.s expliquent cet état de fait par la dépossession de la parole publique dont sont sujet les citoyen.ne.s et la jeunesse en général, rabaissée dès qu’elle la prend. En conséquence, illégitimes à parler, les jeunes se désintéressent de la chose publique, détruisant ce qu’il reste de lien social et installant durablement dans le paysage politique et dans les esprits les idées d’extrême-droite et la démagogie. Comme le dit Alexia Morvan, docteur en sciences sociales, »le postulat de l’éducation populaire politique est bien que, moins on est nombreux à s’exercer politiquement, plus la démocratie recule ». Ainsi, »l’horizon de l’émancipation s’éloigne, les inégalités se creusent, les libertés sont réduites, … ». De ce constat, les Jeunes Écologistes souhaitent une éducation populaire politique, citoyenne et écologiste.

L’éducation populaire comme remède social

Face à cet état de fait, une seule solution : redonner aux jeunes la place qui leur échoit dans l’espace public. Et pour cela, l’éducation populaire politique vise l’émancipation politique des citoyen.ne.s. L’augmentation de leur puissance d’agir, semble être l’arme la plus efficace face au populisme.

En 2012, 70 % des cadres supérieur.e.s ont visité un musée au moins une fois dans l’année, contre 20 % des ouvrier.ière.s. 81 % des cadres supérieur.e.s ont lu au moins un livre dans l’année, contre 28 % des ouvrier.ière.s. L’éducation populaire et l’accès aux cultures pour tou.te.s sont des pistes pour enfin des politiques publiques d’accès égal à la culture efficaces.
À l’heure d’un ultra-libéralisme triomphant et de la destruction progressive du tissu social et de l’environnement, il est urgent de sensibiliser à nouveau la jeunesse aux valeurs portées par l’éducation populaire et par l’écologie, en vue de lutter contre le repli identitaire. En tant que mouvement associatif et politique porteur de ces valeurs, les Jeunes Écologistes sont à même de mener ce combat, et s’inscrivent donc dans une démarche d’éducation populaire.

Par un partage de nos valeurs que sont l’égalité sociale, la solidarité, l’écologisme, l’émancipation individuelle et une mise en débat des solutions à apporter à notre système en fin de course, il faut redonner un vrai pouvoir citoyen aux jeunes. Les termes « politique », « citoyenneté » et « écologie » associés à « éducation populaire » peuvent à ce titre être interprétés comme une volonté de dépasser le simple cadre de l’éducation socio-culturelle, certes importante, mais aux vertus émancipatrices limitées. Cette éducation populaire doit aboutir à l’émergence d’une conscience citoyenne, critique et émancipée.

Dans ce but, de nombreuses démarches ont déjà été entreprises au sein des Jeunes Écologistes : café-débats, ciné-débats, tournois de foot citoyen.ne.s contre lobbies, jardins partagés, cafés mondiaux, débats mouvants, etc. L’étape suivante, que les Jeunes Écologistes s’engagent à prendre, est de diversifier au mieux leurs lieux habituels d’intervention, pour donner aux jeunes les clés d’une meilleure compréhension du monde, qu’importe leur lieu d’habitation. Il faut ainsi sortir des centres-villes et des parvis des universités, pour réinvestir les quartiers périphériques et ainsi réduire les différences territoriales au sein des villes et des campagnes. Au cœur de notre discours, l’écologie est la plus à même de prôner les valeurs de l’éducation populaire : égalité, solidarité, diversité, éducation pour tous.te.s, démocratie et participation citoyenne. Ce combat se gagnera aussi par les mots : en déconstruisant puis en reconstruisant et se réappropriant le langage, la manière de percevoir notre société en sera bouleversée et, permettra un meilleur développement du sens critique de la jeunesse.

Redonner ses couleurs à l’éducation populaire

Au-delà de la simple mobilisation sur ce sujet, il est nécessaire que les pouvoirs publics accroissent les moyens humains, financiers et matériels. En formant les enseignant.e.s, éducateur.trice.s et les animateur.trice.s, en finançant des organisations spécialisées et reconnues et en développant des structures propres à abriter de telles activités, la puissance publique se doit de favoriser, sans imposer, le développement de l’éducation populaire politique dans les territoires. De la même manière, la société civile doit elle aussi agir pour faire revivre ce secteur, seul moyen pour la jeunesse et les citoyen.ne.s de se réapproprier un débat public qui leur échappe trop souvent.

Les Jeunes Écologistes souhaitent continuer à :

  • engager un travail de terrain conséquent pour remobiliser la jeunesse,
  • se réapproprier collectivement l’espace public pour une éducation populaire politique, citoyenne et écologiste,
  • mettre en œuvre des événements favorisant la réappropriation de l’espace public par l’ensemble des citoyen.ne.s, en particulier les jeunes (festival de musique, théâtre de rue, danse, animations sportives),
  • développer des formats participatifs dans leur forum de formation.

Les Jeunes Écologistes demandent :

  • un accès à la culture pour tous ;
  • plus de mixité sociale, de brassages interculturels et de réduction des inégalités ;
  • une diversité et une promotion des lieux de rencontres, comme les maisons de quartiers, les maisons des associations, etc ;
  • le développement des formats participatifs à l’école ;
  • plus de formations d’éducation populaire, qui manquent cruellement dans le milieu socioculturel ;
  • une évolution des méthodes d’enseignement pour favoriser l’acquisition de savoirs, de savoir-faire par tou.te.s, dans un mode non compétitifs mais plutôt coopératifs ;
  • une valorisation des activités bénévoles.

Bibliographie

Scop Le Pavé
Des techniques d’éducation populaire
Terre de liens – « Pour une éducation populaire politique« , Janvier 2011
Alternatives Économiques – « Culture : un accès inégal« , Mars 2013

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