Cela fait maintenant ¼ de siècle que la plus importante catastrophe de l’industrie nucléaire a commencé, causant 25 ans et plus de pollution, de mortalité et de morbidité accrues en Europe.
Le 26 avril 1986 explosait le réacteur n°4 de la centrale nucléaire Lénine (Ukraine), accident classé au niveau maximal 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES1). Après des mois de lutte et de sacrifices, un sarcophage est enfin érigé ; mais, malgré ses consolidations, il fuit actuellement de toutes parts alors que probablement 96 % du combustible initial – extrêmement radioactif – se trouve encore à l’intérieur. Désormais, l’ensemble de la structure doit être recouvert par une arche en acier démesurée en 2014… pour un siècle. Plus que jamais, Tchernobyl n’est pas mort mais continu d’empoisonner, durablement.
S’il n’y a à ce jour aucun bilan définitif établi – humain, économique, environnemental ou sanitaire –, les bilans provisoires en disent toutefois long sur les tentatives de minimisation de cette catastrophe par le lobby nucléaire. En effet, un rapport de l’AIEA2 (établi en 2005) recensait environ 4 000 morts attribuables à l’accident ; cependant, grâce au rapport de l’Académie des sciences de New York (publié en janvier 2010), on sait que le nombre de morts conséquemment à la catastrophe de Tchernobyl avoisine les 985 000 personnes (près de 40 % des liquidateurs ou victimes), tandis que le bilan financier dépasse les 500 milliards de dollars. Aujourd’hui, la catastrophe qui ne voulait pas finir poursuit son hécatombe, particulièrement en Biélorussie (à quelques km au Nord du site) où 4 enfants sur 5 sont aujourd’hui contaminés. C’est pourquoi les Jeunes Écologistes appellent à mettre fin à cette tyrannie intergénérationnelle que constitue le nucléaire. Car ce qui reste encore le site le plus toxique de la planète nous rappelle que cette technologie ingérable génère des pollutions dépassant de loin nos horizons temporels, et sur lesquelles nous n’avons aucune prise une fois produites.
De plus, les Jeunes Écologistes dénoncent la propagande du lobby nucléariste, lui qui a trop longtemps masqué et nié les risques et dégâts inhérents à l’énergie atomique, en nous présentant Tchernobyl comme n’étant pas si grave… oubliant par là même qu’une explosion atomique équivalente à plusieurs dizaines de fois celle d’Hiroshima aurait pu rendre l’Europe inhabitable, dans le cas plus que probable où l’incendie ne serait pas éteint le 8 mai 1986… mais il le fut 2 jours plus tôt ! Pourtant, si Tchernobyl est la pire catastrophe de l’histoire de l’atome, ce n’est pas la seule : il y a même à ce jour 20 fois plus d’accidents graves que ce qu’estimaient les études probabilistes, « qui ne savent pas bien prendre en compte l’aléa naturel et le facteur humain », de la bouche même du directeur de l’IRSN3, Jacques Repussard.
Ainsi, à chaque accident nucléaire son sursaut de réflexivité et d’interrogation renouvelée… pour un temps seulement. C’est pourquoi nous, Jeunes Écologistes, n’oublions pas Tchernobyl, pour que la mémoire humaine ne soit pas plus courte que la fréquence des catastrophes nucléaires, et refusons ainsi de laisser s’installer – une nouvelle fois – une sorte d’accoutumance au risque. Voici notre constat après l’accident de Fukushima, classé également (un mois après sa survenue) au niveau 7 par l’Agence japonaise de sûreté nucléaire, faisant figure de Tchernobyl plus localisé mais plus concentré. « A l’échelle mondiale, nous dit le sociologue Henri-Pierre Jeudy, on vit en permanence dans une situation post-catastrophique et anté-catastrophique. » Nous pouvons choisir de l’ignorer, de s’y résigner, ou bien de reconnaître que le pari du nucléaire a définitivement été perdu et qu’il faut entamer sa sortie, avant que l’on ne puisse dire « ce qui devait arriver, Areva. »4
Les Jeunes Écologistes.
1 INES : International Nuclear and Radiological Event Scale
2 AIEA : Agence Internationale de l’Energie Atomique
3 IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
4 Vincent Roca (humoriste, sur France Inter)